Le ministère saoudien de l'Intérieur a prévenu jeudi qu'il agirait avec fermeté à l'encontre des femmes qui oseraient conduire un véhicule, avant un rendez-vous que des militantes se sont donné pour défier cet interdit.

Ces militantes ont relancé début octobre la campagne pour le droit des Saoudiennes à conduire dans le royaume, le seul pays au monde à interdire aux femmes de se mettre au volant.

La campagne doit culminer le 26 octobre, date à laquelle en 2013 plusieurs Saoudiennes avaient bravé l'interdit en prenant le volant.

Dans un communiqué publié par l'agence officielle Spa, le ministère de l'Intérieur prévient qu'il «appliquera avec fermeté les règlements contre quiconque contribuera d'une quelconque manière (...) à violer la cohésion sociale».

Des militantes ont multiplié les interventions sur les réseaux sociaux où une pétition intitulée «levez l'interdiction faite aux femmes de conduire» a recueilli plus de 2700 signatures.

Elles ont encouragé les conductrices à poster des photos d'elles-mêmes au volant sur Twitter sous le hashtag «IWillDriveMyself», et sur les autres réseaux sociaux.

Des militantes ont indiqué à l'AFP que «deux ou trois» femmes échangeaient quotidiennement sur WhatsApp des photos d'elles-mêmes en train de conduire.

Mais elles ont indiqué que rien de spécial n'était prévu pour dimanche, au pic de la campagne.

«Nous demandons seulement aux femmes qui ont besoin de conduire, de le faire comme d'habitude le 26» ou un autre jour, a déclaré l'une de ces militantes, Nassima al-Sada.

Aziza al-Youssef, qui affirme faire des courses en utilisant sa voiture deux ou trois fois par semaine, indique que la campagne est destinée à «faire entendre la voix» des femmes, sans pour autant outrepasser la loi en organisant une marche ou une manifestation par exemple.

Les militantes affirment que la conduite des femmes n'est pas contraire à la loi.

Selon elles, la tradition et des coutumes sont à l'origine de l'interdiction, qui n'obéit à aucun texte islamique ou une décision judiciaire.

Le 26 octobre de l'année dernière, 16 femmes avaient été arrêtées au volant et avaient dû payer des amendes. Chaque femme et son tuteur (père, frère, mari ou tout autre homme de la famille) avaient dû, en outre, signer un engagement à respecter les règles en vigueur dans le royaume saoudien.

En novembre 2013, le mufti d'Arabie saoudite avait affirmé qu'empêcher les femmes de conduire était destiné à «protéger la société du mal».