Le Liban a quasiment fermé sa frontière aux réfugiés syriens face à l'afflux de plus d'un million d'entre eux qui ont fui la guerre dans leur pays, ont indiqué samedi des responsables libanais et de l'ONU.

Cité par le quotidien libanais al-Akhbar, le ministre des Affaires sociales Rachid Derbas a déclaré sans ambages: «Le Liban ne reçoit plus officiellement les déplacés syriens», les seules exceptions concernent «les cas humanitaires».

«Nous avons informé l'Agence de l'ONU chargée des réfugiés (HCR) que nous n'avons plus la capacité de recevoir des déplacés», a-t-il ajouté.

La représentante au Liban du HCR Ninette Kelley a confirmé ces restrictions. «Ce que nous avons compris, c'est que désormais l'entrée au Liban n'est plus permise, comme c'était le cas auparavant, aux personnes voulant obtenir le statut de réfugiés», a-t-elle déclaré à l'AFP.

«Nous avons constaté ces deux ou trois dernières semaines des restrictions plus sévères... Il y a moins de gens qui nous approchent pour s'enregistrer, ce qui montre un durcissement à la frontière», a-t-elle ajouté.

Mme Kelley a confié ne pas disposer de chiffres précis sur le nombre de réfugiés autorisés à entrer. «Cela dépend des jours, parfois certains réfugiés entrent, et d'autres jours très peu».

Certains Syriens entrent encore au Liban sur des «critères humanitaires», a-t-elle ajouté. Mais le gouvernement n'a jamais annoncé quels étaient ces critères, et n'en a pas non plus fait part au HCR.

Selon Mme Kelley, les restrictions d'entrée ont commencé à être appliquées d'abord au Liban-nord en août, puis ont été étendues en septembre au principal point de passage, celui de Masnaa, dans la Bekaa. Mais des Syriens empruntent des points de passage clandestins sur cette frontière poreuse.

Le Liban accueille plus de 1,1 million de Syriens, un fardeau énorme pour ce pays de 4 millions d'habitants aux équilibres confessionnels fragiles.

Plusieurs politiciens libanais ont mis en garde sur l'impossibilité pour le pays de supporter cette charge et avaient déjà appelé à la fermeture des frontières après des incidents.

En août, suite à une incursion à Aarsal (est) de djihadistes venus de Syrie, des combats avec l'armée avaient fait des dizaines de morts.

Le HCR a appelé à plusieurs reprises la communauté internationale à aider de manière plus effective le Liban et à ouvrir plus largement leurs frontières.

Plus de trois millions de Syriens ont fui leur pays depuis le début de la guerre civile en mars 2011 pour trouver refuge dans les pays voisins comme le Liban, la Jordanie, la Turquie et l'Irak.