L'Afghanistan a signé mardi un accord de sécurité bilatéral avec les États-Unis, pour permettre à 12 500 soldats étrangers de rester dans le pays en 2015, signe de la volonté du nouveau président Ashraf Ghani de revenir à des relations plus amicales avec Washington.

L'accord, longtemps attendu par la Maison-Blanche, a été signé mardi à Kaboul par l'ambassadeur des États-Unis James Cunningham et Hanif Atmar, le conseiller afghan à la sécurité nationale, au lendemain de l'investiture de M. Ghani, selon un journaliste de l'AFP.

Le président Hamid Karzaï, qui a quitté ses fonctions lundi, avait refusé pour sa part de signer le document, envenimant les relations entre Kaboul et Washington.

En Irak, l'absence d'un tel accord a mené au retrait complet des troupes américaines achevé en 2011 dans ce pays désormais en proie à la violence islamiste.

Mardi, MM. Cunningham et Atmar ont signé l'accord de sécurité bilatéral (BSA) lors d'une cérémonie au palais présidentiel, en même temps qu'un accord similaire avec l'OTAN : le SOFA (Status of forces agreement) qui jette les bases de la présence de cette organisation en Afghanistan l'année prochaine.

Des soldats allemands, italiens et d'autres pays de l'OTAN rejoindront une force de 9800 soldats américains, pour un total d'environ 12 500 hommes.

Après la fin de la mission de combat de l'OTAN en décembre, la nouvelle mission appelée «Resolute support» (Soutien résolu), se concentrera sur l'entraînement et l'appui aux forces afghanes qui combattent les insurgés talibans.

Il reste actuellement environ 41 000 soldats de l'OTAN en Afghanistan, contre 130 000 en 2012.

Peu après la signature, le nouveau président afghan Ashraf Ghani a pris la parole, affirmant notamment que «sur la base de cet accord, les forces internationales seront (présentes) pour renforcer les institutions afghanes» encore faibles 13 ans après la chute du régime taliban.

Soutien international

«En tant que gouvernement indépendant et pour nos intérêts nationaux, nous avons signé un accord qui est dans l'intérêt, et pour le bien de notre peuple, et de la stabilité de la région et du monde», a plaidé le président Ghani.

De son côté, l'ambassadeur Cunningham a déclaré : «l'accord est plus qu'un engagement, c'est un choix. C'est un choix pour l'Afghanistan de renforcer le soutien international (...) C'est un choix pour les États-Unis de continuer à coopérer avec nos partenaires afghans».

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a aussitôt réagi à cette signature sur son compte Twitter par ces mots : «mort à l'Amérique!». Le groupe rebelle islamiste a en effet affirmé à plusieurs reprises qu'il combattrait jusqu'à ce que toutes les troupes étrangères aient quitté le pays.

«Nous disons à l'Amérique et à ses esclaves que nous allons continuer notre djihad jusqu'à ce que notre pays soit libéré des griffes des sauvages américains, et qu'une loi islamique forte soit rétablie», ont assuré les talibans dans un communiqué.

Malgré l'opposition absolue des talibans à la force étrangère résiduelle prévue par le BSA, M. Ghani avait appelé les talibans lundi dans son discours d'investiture, à rejoindre des pourparlers de paix. Comme en réponse au nouveau président, ceux-ci ont revendiqué un attentat-suicide ayant fait sept morts plus tôt dans la journée à Kaboul.

«La signature envoie un message selon lequel le président Ghani respecte ses engagements. Il a promis qu'il (le BSA) serait signé au lendemain de l'investiture, et il le sera», avait déclaré lundi le porte-parole de M. Ghani Daoud Sultanzoy.

La position de M. Karzaï sur ce pacte avait irrité les États-Unis. L'ancien président avait refusé de le signer malgré un vote à la «loya jirga» en faveur d'une signature.

Washington avait menacé de retirer toutes ses troupes d'ici à la fin de l'année, alors que le pays était confronté à une impasse politique pour la succession de M. Karzaï.

Lundi, après des semaines de blocage en raison d'accusations de fraude lors de la présidentielle de juin, Ashraf Ghani a été finalement investi président.

Pendant leurs campagnes électorales, M. Ghani et son rival Abdullah Abdullah s'étaient engagés à signer le BSA.

Or, avec l'avancée des talibans dans plusieurs provinces, le soutien de l'OTAN est jugé capital pour l'Afghanistan.

Obama salue un accord «historique»

Le président Barack Obama a salué mardi un jour «historique» quelques heures après la signature d'un accord de sécurité bilatéral entre les États-Unis et l'Afghanistan.

«Cet accord est une invitation de la part du gouvernement afghan à renforcer la relation que nous avons bâtie au cours des 13 dernières années», a indiqué M. Obama dans un communiqué, jugeant qu'il offrait aux militaires américains «le cadre légal nécessaire» pour mener à bien leurs missions au-delà de 2014.

«Le BSA reflète notre engagement à soutenir le nouveau gouvernement afghan d'unité», a ajouté M. Obama, mettant en exergue le partenariat avec Kaboul qui doit permettre de renforcer «la souveraineté et la stabilité» de l'Afghanistan et contribuer à atteindre un objectif commun : «vaincre Al-Qaïda et ses alliés extrémistes».