Le prédicateur islamiste Abou Qatada a été acquitté et relâché en Jordanie, où il était détenu et jugé pour terrorisme depuis son extradition en juillet 2013 du Royaume-Uni.

Le Jordanien Abou Qatada, de son vrai nom Omar Mahmoud Othmane, a quitté en début d'après-midi la prison d'al-Mouaqqar (45 km au sud-est d'Amman), où de nombreux proches l'attendaient à la sortie, selon un photographe de l'AFP. Il s'est rendu ensuite dans sa résidence familiale à Amman.

L'islamiste était jugé en Jordanie devant la Cour de sûreté de l'État depuis son extradition de Grande-Bretagne en juillet 2013 à l'issue d'une saga judiciaire et diplomatique de près de 10 ans.

Cette cour l'a acquitté mercredi de l'accusation de planification d'attentats terroristes contre des touristes en 2000 et décidé «sa libération immédiate», a indiqué une source judiciaire à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

Le tribunal n'a pas trouvé de preuves pour soutenir l'accusation contre Abou Qatada, il l'a donc acquitté et il sera libéré, a-t-on ajouté de même source.

À l'annonce du jugement, le prédicateur a fondu en larmes et plusieurs membres de sa famille présents au tribunal ont crié «Dieu est le plus grand» et applaudi la décision.

Son avocat, Me Hussein Mbidhine s'est félicité du verdict le qualifiant de «succès»  pour la justice jordanienne».

En juin déjà, le prédicateur jordanien avait été acquitté de l'accusation de complot terroriste contre l'école américaine d'Amman pour manque de preuves, mais il a été maintenu en détention, sous le coup d'autres accusations de terrorisme.

Le gouvernement britannique avait alors fait savoir qu'il s'opposerait à toute velléité de retour en Grande-Bretagne du prédicateur islamiste.  «Nous ne voulons pas que cet homme revienne», avait dit le vice-premier ministre Nick Cleg.

Et mercredi, le ministère de l'Intérieur britannique a répété qu'«Abou Qatada était toujours soumis à un ordre d'expulsion et à une interdiction de voyage de l'ONU. Il ne reviendra pas au Royaume-Uni».

«Ambassadeur de ben Laden»

Abou Qatada s'est illustré en Grande-Bretagne par de virulents prêches anti-occidentaux, anti-américains et anti-juifs.

Le juge espagnol Baltasar Garzon l'a décrit comme l'«ambassadeur européen de ben Laden» ou encore le «chef spirituel d'Al-Qaïda» en Europe.

Né en 1960 à Bethléem, Abou Qatada avait été condamné à mort par contumace en 1999 pour «complot en vue de mener des actes terroristes» notamment contre l'école américaine à Amman, une peine immédiatement commuée en prison à vie assortie de travaux forcés.

En 2000, il avait également été condamné par contumace à 15 ans de travaux forcés pour complot visant à attaquer des cibles touristiques en Jordanie.

Il a été de nouveau jugé, la justice jordanienne lui donnant le droit à un nouveau procès, en sa présence.

L'islamiste avait longtemps combattu son expulsion vers la Jordanie, devant la justice à la fois britannique et européenne, avant de faire savoir en mai 2013 qu'il acceptait de retourner dans son pays une fois ratifié par Londres et Amman un traité bilatéral lui garantissant un procès équitable.

Au cours de son procès, il avait plaidé non coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés.