Deux officiers de police ont été tués dimanche dans un attentat à la bombe dans le centre du Caire, qui a été revendiqué par un groupe djihadiste se disant lié à Al-Qaïda, les policiers en Égypte étant fréquemment les cibles d'attaques similaires.

L'explosion, très puissante, est survenue devant l'une des entrées du ministère des Affaires étrangères, selon un journaliste de l'AFP sur place. À proximité, un gros arbre littéralement coupé en deux a enfoncé le toit d'une voiture.

Deux lieutenants-colonels de la police ont péri, l'un sur le coup, l'autre ayant succombé à ses blessures à l'hôpital, et neuf personnes ont été blessées, selon les ministères de l'Intérieur et de la Santé.

Les forces de l'ordre ont interdit le périmètre de l'attentat, où ils cherchent la présence d'autres bombes éventuelles.

Le groupe djihadiste Ajnad Misr, qui se dit lié à Al-Qaïda, a revendiqué l'attentat, affirmant défendre «les oppressés» et avoir agi en représailles à la répression meurtrière lancée par le nouveau pouvoir contre les partisans de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi.

«Les opérations de vengeance (...) ne vont pas s'arrêter», a déclaré le groupe sur Twitter.

Depuis que l'armée a destitué M. Morsi en juillet 2013, des groupes djihadistes revendiquent régulièrement des attentats qui ont fait, selon le gouvernement, des centaines de morts dans les rangs de la police et des militaires.

Les policiers de faction devant les édifices publics ou aux postes de contrôle routier sont les principales cibles de ces attentats.

L'un des deux policiers tués dimanche, Mohamed Mahmoud Abou Sarie, avait témoigné lors d'un des procès visant M. Morsi pour une évasion de prison en 2011, a précisé une source de sécurité.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si ce policier a été pris pour cible en raison de son rôle dans le procès.

Le groupe djihadiste Ansar Beït al-Maqdess, basé dans le Sinaï et qui assure s'inspirer d'Al-Qaïda, a revendiqué la plupart des attaques pour, selon lui, venger les manifestants pro-Morsi décimés dans les rues par les forces de sécurité dans les mois qui ont suivi la destitution et l'arrestation de M. Morsi.

Plus de 1400 personnes - des manifestants pour l'immense majorité - ont été tuées dans des manifestations pro-Morsi en quelques mois.

Et plus de 15 000 membres ou sympathisants de la confrérie islamiste des Frères musulmans de M. Morsi sont emprisonnés, dont la quasi-totalité de leurs leaders qui, à l'instar de l'ex-président en personne, encourent la peine de mort ou y ont été condamnés dans divers procès.

Des centaines de ses partisans ont également été condamnés à la peine capitale lors de procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l'ONU de «sans précédent dans l'Histoire récente» du monde.

Le pouvoir du nouveau président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui avait destitué M. Morsi, a décrété les Frères musulmans «organisation terroriste». Or, la confrérie avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak début 2011, à l'issue d'une révolte populaire.

Ansar Beït al-Maqdess a revendiqué un attentat qui a tué mardi six policiers dans la péninsule du Sinaï, bastion du groupe djihadiste.

Un attentat à la voiture piégée perpétré par ce groupe avait également manqué le peu, en septembre 2013 en plein centre du Caire, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim, accusé par les islamistes d'être l'un des principaux artisans de la répression.

M. Ibrahim avait affirmé il y a une semaine que la police avait tué et arrêté plusieurs djihadistes.