Près de 40 personnes ont été tuées jeudi dans de violents accrochages à Sanaa entre des islamistes sunnites soutenus par l'armée et des rebelles chiites qui ont tiré en soirée des obus sur la télévision d'État.

L'avancée des rebelles chiites d'Ansaruallah dans les quartiers nord de Sanaa a poussé le président Abd Rabbo Mansour Hadi à convoquer une réunion de la haute commission militaire qui a discuté de «la menace» que représente l'escalade de ces rebelles pour «la sécurité et stabilité» du pays, selon l'agence Saba.

Entre-temps, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, tenait jeudi soir de nouveaux entretiens avec le chef des rebelles chiites d'Ansaruallah Abdel Malek al-Houthi dans son fief à Saada (nord), sans résultat apparent. «Il n'y a pas de progrès», a indiqué une source proche des tractations.

Les combats entre les membres d'Ansaruallah, dits houthis, et les miliciens du parti islamiste sunnite Al-Islah, qui se concentraient depuis deux jours à Chamlane, à la périphérie nord de Sanaa, se sont étendus pour atteindre dans la journée les alentours de l'Université islamique Iman, dans la capitale, selon un correspondant de l'AFP sur place.

«Plus de 38 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées parmi les protagonistes», a déclaré à l'AFP une source de sécurité, un bilan confirmé par des sources hospitalières.

La plupart des victimes, «dont 9 soldats», sont tombées lors d'accrochages qui ont suivi une embuscade tendue par des combattants de tribus à un convoi de rebelles chiites sur la route Al-Thalathine, qui relie Chamlane à l'Université Iman, selon la source de sécurité.

«Une trentaine de (rebelles) houthis ont été faits prisonniers», a indiqué une source tribale.

En soirée, les rebelles chiites ont tiré des obus sur la télévision d'État, ont indiqué des habitants. Des militaires de la 4e brigade, en faction devant la chaîne, ont riposté et de violents accrochages se déroulaient en fin de soirée autour du siège de la télévision.

La chaîne, qui continuait à émettre, a annoncé à l'écran en fin de soirée que les houthis poursuivaient leurs tirs aux armes de différents calibres contre ses locaux.

Les rebelles chiites, qui campent depuis plus d'un mois dans et autour de Sanaa, ont progressé vers l'Université Iman, qui appartient à l'un des responsables d'Al-Islah, le cheikh fondamentaliste Abdel Majid al-Zandani, ont ajouté les témoins.

Les accrochages à Chamlane avaient fait mardi et mercredi au moins 43 morts.

Selon des sources proches des négociations entre l'ONU et les rebelles chiites, celles-ci butent sur la question du démantèlement des campements que les rebelles et leurs partisans ont dressés dans et autour de Sanaa pour réclamer la démission du gouvernement accusé de corruption.

La rébellion avait rejeté en août une proposition du président Hadi portant sur la nomination d'un nouveau Premier ministre et la réduction d'une augmentation controversée des prix du carburant, deux de leurs principales revendications.

Les rebelles, qui contrôlent la région de Saada (nord), sont soupçonnés notamment de vouloir élargir leur zone d'influence dans le futur État fédéral qui doit compter six provinces.