Le Pentagone a reconnu pour la première fois jeudi que l'État islamique, bourreau du journaliste américain James Foley, allait «bien au-delà» de toute autre menace terroriste connue jusqu'à maintenant.

L'État islamique est «plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connu. Il va au-delà de tout autre groupe terroriste», a déclaré le secrétaire à la Défense Chuck Hagel lors d'une conférence de presse organisée 48 heures après la diffusion d'une vidéo montrant l'exécution de James Foley par les djihadistes sunnites.

Mais pour défaire l'État islamique, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, il faudra s'y attaquer «aussi en Syrie», a jugé le chef d'état-major interarmées, le général Martin Dempsey.

Les États-Unis ont continué jeudi à maintenir la pression sur les djihadistes avec six nouvelles frappes contre des positions des insurgés aux environs du barrage stratégique de Mossoul, repris dimanche à l'EI par les forces kurdes et irakiennes.

Depuis le début des bombardements, le 8 août, 90 frappes aériennes ont été menées en Irak, selon le commandement américain chargé de la région (CENTCOM).

MM. Hagel et Dempsey ne se sont pas étendus sur le déroulement du raid organisé en juillet pour tenter de sauver les otages américains, dont James Foley, détenus par l'EI en Syrie. Dans la vidéo montrant l'assassinat de James Foley, les djihadistes menacent d'exécuter un second otage américain, Steven Sotloff, également journaliste, si le pilonnage se poursuit.

Le président français François Hollande a appelé jeudi à une large mobilisation internationale. «Ce n'est pas simplement un groupe terroriste comme hélas on en a connu, dispersé, éparpillé, avec plusieurs chefs, c'est une entreprise terroriste qui a décidé d'asservir, d'annihiler, d'anéantir», a-t-il dit lors d'une visite à la Réunion, dans l'océan Indien.

Et de rappeler sa proposition d'une conférence internationale «contre l'État islamique et surtout pour la sécurité en Irak».

Mercredi, le président Barack Obama avait appelé «les gouvernements et les peuples du Moyen-Orient» à lutter contre l'État islamique pour «extraire ce cancer afin qu'il ne se répande pas».

Mais peu après ses déclarations, le Pentagone a reconnu avoir subi un échec «un peu plus tôt cet été» en Syrie.

Il a révélé qu'une opération avait été effectuée pour secourir «un certain nombre d'Américains retenus en otage en Syrie» par le groupe djihadiste, mais qu'elle avait échoué, «parce que les otages n'étaient pas présents» là où le pensaient les renseignements américains.

C'est la première fois que les États-Unis rendent publique une opération de ce type sur le sol syrien depuis le début du conflit en mars 2011.

Selon le site d'information américain GlobalPost, l'un des employeurs de James Foley, ses ravisseurs avaient réclamé une rançon de 100 millions d'euros ( environ 145 millions de dollars).

Le GlobalPost a aussi publié un courriel de l'EI à sa famille dans lequel les djihadistes menacent de tuer le journaliste et assurent avoir proposé un échange contre Aafia Siddiqui, une Pakistanaise emprisonnée aux États-Unis pour avoir tenté de tirer sur des soldats américains.

«Crimes sauvages»

La vidéo diffusée sur internet et intitulée Message à l'Amérique montre un homme s'exprimant en anglais avec un accent britannique, masqué et habillé de noir qui semble couper la gorge de James Foley, enlevé en novembre 2012 en Syrie.

Le premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu'il était «de plus en plus probable» que le bourreau, non identifié, soit un Britannique.

Pour le chef d'Interpol, Ronald Noble, cette implication probable d'un Britannique démontre «une nouvelle fois la nécessité d'une réponse multilatérale contre la menace de terreur de combattants radicalisés transnationaux» au Moyen-Orient.

Selon le département d'État américain, quelque 12 000 combattants djihadistes étrangers venant de 50 pays différents se sont rendus en Syrie depuis le début du conflit il y a plus de trois ans, dont un «petit nombre d'Américains».

Les images de l'exécution ont provoqué la révulsion et le début d'une mobilisation plus large des pays occidentaux et ont aussi choqué le pays musulman le plus peuplé du monde, l'Indonésie.

Jeudi, un prêtre proche des Foley a révélé que le pape François avait présenté ses condoléances aux parents du journaliste lors d'un appel téléphonique.

Berlin et Rome se sont dits prêts à faire comme Washington et Paris, en livrant des armes aux forces kurdes pour les aider à repousser l'offensive djihadiste dans le nord de l'Irak.

La présidence tunisienne a vivement condamné jeudi les «crimes sauvages» de l'EI, jugeant que cette organisation représentait «un danger pour tous les États de la région».

De son côté, l'Iran a démenti jeudi vouloir lier la question d'une coopération avec les Occidentaux dans la lutte contre l'État islamique (EI) en Irak aux négociations nucléaires avec les grandes puissances.

Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, a jugé la violence des djihadistes «humiliante» pour les musulmans. «C'est choquant, hors de contrôle», a-t-il déclaré au quotidien The Australian.