Haïdar al-Abadi, nommé lundi premier ministre irakien, est un ancien exilé siégeant depuis longtemps au parlement et qui était considéré comme proche de son prédécesseur Nouri al-Maliki jusqu'à sa nomination.

«Le pays est entre vos mains», a déclaré le président Fouad Masoum à M. Abadi après avoir accepté sa nomination par l'alliance chiite au parlement, une décision dénoncée par M. Maliki qui s'estime spolié d'un troisième mandat.

M. Abadi était ministre des Communications au sein du gouvernement intérimaire mis en place après le renversement de Saddam Hussein en 2003. Il est membre du parti Dawa de M. Maliki.

«Jusqu'à très récemment, il était un substitut de M. Maliki (...) Je n'ai jamais vu beaucoup de différences entre eux», estime Kirk Sowell, éditeur de la lettre d'information spécialisée Inside Iraqi Politics, basée à Amman.

M. Abadi, né en 1952, a été élu au parlement irakien en 2006, où il a d'abord présidé la commission de l'Économie, de l'Investissement et de la Reconstruction, puis celle des Finances.

Il a été élu vice-président du parlement en juillet, avant d'être appelé à former un gouvernement.

«Haïdar est une personne très amicale, très réaliste», selon Zaid al-Ali, expert en droit et auteur de l'essai «La lutte pour l'avenir de l'Irak».

«Les gens (...) reconnaissent qu'il est très accessible. Vous n'avez pas besoin d'être méfiant après avoir parlé avec lui, vous ne devez pas vous inquiéter si vous êtes en désaccord avec lui», précise-t-il.

Tout comme Maliki et d'autres hommes politiques de haut rang, M. Abadi a passé des années en exil avant de rentrer en Irak.

Il a vécu en Grande-Bretagne, où il a décroché en 1981 un doctorat en ingénierie électrique et électronique à l'université de Manchester. Il était à l'étranger durant l'essentiel du règne de Saddam Hussein.

Dans une biographie figurant sur son site internet, il déclare que deux de ses frères ont été arrêtés par le régime du dictateur au début des années 80 et exécutés pour leur appartenance au parti Dawa, opposé à Saddam Hussein.

Un troisième frère a été arrêté et emprisonné pendant dix ans sur la base des mêmes accusations.

S'il réussit à former un gouvernement dans les 30 prochains jours, il devra faire face à d'immenses défis.

L'Irak souffre de corruption à grande échelle, échoue à assurer des services de base comme l'eau et l'électricité, et est morcelé sur la base des appartenances religieuse et ethnique.

Mais son plus grand défi sera de rétablir la sécurité, face à des jihadistes qui contrôlent de larges zones des cinq provinces irakiennes. Des centaines de personnes sont en outre tuées chaque mois dans des attaques.

Son prédécesseur a cherché à s'attaquer à la violence, qui a explosé depuis avril 2013, avec l'aide des forces armées, tout en faisant peu de concessions à ses opposants, notamment les membres de la minorité sunnite.

Mais sans tendre la main aux sunnites et sans leur accorder une participation significative à la vie politique et au gouvernement, il sera extrêmement difficile de ramener sous un semblant de contrôle la violence affectant le pays.