Deux travailleuses humanitaires finlandaises ont été abattues par des hommes armés jeudi à Hérat, grande ville de l'ouest afghan, dans un climat de violences persistantes contre les Occidentaux à l'approche du retrait des forces de l'Otan.

«Nous confirmons aujourd'hui (...) que deux expatriées finlandaises membres d'IAM ont été tuées à Hérat», a écrit dans un communiqué l'International Assistance Mission (IAM), une ONG chrétienne basée en Afghanistan depuis 1966.

Vers 11h30 (3h00, heure de Montréal), deux hommes armés ont ouvert le feu sur «les deux étrangères, alors à bord d'un taxi, et les ont tuées», a précisé le gouverneur de la province de Hérat Sayed Fazullah Wahidy.

Un suspect a été appréhendé, tandis que les deux auteurs de l'attaque se sont échappés, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur Sediq Sediqqi, précisant que la police était à leur recherche.

Cette attaque n'a pas été revendiquée jeudi en fin de journée, mais de nombreuses organisations criminelles, ainsi que des talibans, demeurent actifs à Hérat.

Le président finlandais Sauli Niinistö a qualifié de «barbare» le sort des deux femmes.

«Cet acte est particulièrement choquant, car elles étaient en Afghanistan pour aider les populations locales», a-t-il estimé en appelant les autorités afghanes à faire «tout leur possible» pour retrouver les meurtriers.

De son côté, le premier ministre de l'État nordique, Alexander Stubb, a précisé que son pays allait «réévaluer la situation sécuritaire en Afghanistan».

En 2010, les talibans avaient revendiqué les meurtres de dix employés d'IAM - six Américains, une Allemande, une Britannique et deux Afghans - dans une région reculée de l'est du pays, affirmant que ces humanitaires étaient des «missionnaires chrétiens».

Et au cours des derniers mois, les étrangers ont été la cible d'une vague d'attaques en Afghanistan, notamment dans la capitale Kaboul.

Violences persistantes

L'Afghanistan est l'un des endroits les plus dangereux pour les humanitaires avec le Soudan du Sud, la Syrie et la Somalie.

En 2013, plus de 30 travailleurs humanitaires ont été tués, dont six employés afghans de l'ONG ACTED, qui ont été victimes d'une fusillade alors qu'ils travaillaient sur un projet de développement rural dans la province de Faryab (nord).

Sur 248 attaques visant des humanitaires à travers le monde en 2013, le site spécialisé Aid Worker Security en recense 81 en Afghanistan. La Syrie arrive en 2e position avec 42 attaques.

En avril 2014, par exemple, un officier de police a tué trois Américains, dont un médecin travaillant pour l'hôpital CURE International à Kaboul.

Et en juin, un travailleur humanitaire indien a été enlevé, dans la province d'Hérat.

Les violences visant les humanitaires en Afghanistan entretiennent le doute sur les capacités de l'armée afghane à assurer la sécurité dans le pays après le départ des forces de l'Otan prévu fin 2014.

Outre les humanitaires étrangers, les civils afghans ont également payé un lourd tribut ces dernières années.

Dans son rapport semestriel sur les victimes civiles du conflit afghan, la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) a recensé une hausse de 24% du nombre de civils tués ou blessés par des combats, bombes artisanales ou attentats suicide entre le 1er janvier et le 30 juin, par rapport à la même période de 2013.

L'attaque de jeudi intervient alors que six personnes ont été tuées et plus de vingt blessées dans un attentat suicide dans la province afghane de Takhar (nord) perpétré par un kamikaze à moto.

Parallèlement, à quelques mois du retrait des forces de l'Otan, le pays est confronté à une crise politique dans laquelle des soupçons de fraude entachent l'élection du successeur du président Hamid Karzaï qui dirige le pays depuis 2001.

Les deux candidats, Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, qui s'accusaient mutuellement de fraude, se sont mis d'accord, sous le patronage du secrétaire d'État américain John Kerry, pour lancer un vaste processus de vérification des 8,1 millions de vote du second tour du 14 juin.