Israël a de nouveau lancé tôt lundi matin des raids aériens et des tirs d'artillerie sur la bande de Gaza, au septième jour d'une offensive visant à neutraliser le Hamas et ses tirs de roquettes alors que les efforts diplomatiques pour dénouer la crise s'intensifient.

Ces nouvelles frappes ont atteint notamment des installations des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, mais n'ont pas provoqué de victimes.

Pour la première fois depuis ce nouveau conflit, une roquette tirée de Syrie est tombée sur le Golan occupé par Israël, sans pour autant faire de victime. Tsahal a répliqué par des tirs d'artillerie visant des positions des forces régulières syriennes et a assuré que des cibles «touchées avaient été identifiées».

L'armée israélienne a en outre indiqué que «plusieurs roquettes avaient été tirées depuis le Liban sur la Galilée occidentale». «On ne rapporte aucun blessé pour l'instant», a-t-elle précisé. L'armée a également précisé avoir riposté avec des tirs d'artillerie et a émis une plainte auprès des forces de l'ONU.

Israël a également frappé le Hamas en Cisjordanie arrêtant cinq leaders du mouvement à Naplouse et à Jénine, ont indiqué à l'AFP des sources de sécurité palestiniennes.

Photo Hatem Moussa, AP

L'opération «Bordure protectrice» a fait 172 morts, dont une majorité de civils palestiniens.

172 morts

Malgré les appels de la communauté internationale, ni Israël ni le Hamas, qui contrôle Gaza, ne semblaient prêts à négocier la fin des hostilités qui ont fait 172 morts et au moins 1130 blessés, en majorité des civils palestiniens, depuis le début de l'opération, baptisée «Bordure protectrice».

L'aviation a dispersé dimanche des tracts dans le nord de l'enclave, non loin de la frontière avec Israël, exhortant les civils à quitter «immédiatement» la région et à se tenir loin des «activistes du Hamas». En fin de journée, l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA) en avait comptabilisé 17 000 dans ses installations, contre 4000 dans l'après-midi.

Un responsable militaire, s'exprimant sous couvert d'anonymat, avait assuré que l'offensive sur le nord de Gaza allait débuter dans la soirée après une journée d'accalmie ayant fait sept morts, contre 56 samedi.

À Ramallah (Cisjordanie), le président Mahmoud Abbas, discret depuis le début de la crise, a demandé, dans une lettre adressée au secrétaire général Ban Ki-moon, de placer officiellement l'État de Palestine «sous le système de protection internationale de l'ONU».

À Gaza, des milliers d'habitants ont fui le nord de l'enclave en voiture, à dos d'âne, à pied ou en charrette à cheval, emportant ce qu'ils pouvaient, non pas en raison des tracts mais après avoir passé une nuit d'épouvante.

De son côté, Israël a compté une cinquantaine de projectiles tombés sur son territoire depuis samedi minuit. Dix autres ont été détruits par la défense anti-aérienne. Au total, près de 715 roquettes ont touché Israël et plus de 160 ont été interceptées depuis le déclenchement des hostilités, sans faire de victimes.

Première incursion israélienne

La nouvelle spirale de violences a été enclenchée après l'enlèvement en juin et le meurtre de trois étudiants israéliens en Cisjordanie, attribués par Israël au Hamas, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem par des extrémistes juifs.

Ce conflit est le plus meurtrier depuis l'offensive de novembre 2012, qui visait déjà à faire cesser les tirs de roquettes de Gaza: 177 Palestiniens et six Israéliens avaient été tués en une semaine.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis dimanche en conseil des ministres de frapper «le Hamas avec de plus en plus d'intensité», accusant le mouvement islamiste d'utiliser «la population comme un bouclier humain».

Il a par la suite indiqué à la chaîne américaine CBS que le Hamas était seul à blâmer pour toutes les victimes civiles car il place des roquettes et des postes de commande «dans des maisons, des hôpitaux, près des crèches et des mosquées».

Selon une étude du bureau de l'ONU chargé des Affaires humanitaires, 70% des victimes sont des civils, et 21% des mineurs.

M. Nétanyahou a aussi promis la poursuite des bombardements tant qu'il n'aurait pas assuré «une sécurité durable» pour son peuple.

Dimanche à l'aube, un commando de marine israélien a pour la première fois fait une incursion au sol, débarquant sur une plage pour détruire un site de lancement de roquettes.

Israël a multiplié ostensiblement les préparatifs pour une opération terrestre de grande envergure, tout en pilonnant la bande de Gaza par air et depuis la mer. Selon la presse israélienne, aucune décision n'a cependant été prise sur le déclenchement d'une telle opération, tandis que M.Ban Ki-moon demandait instamment à Israël d'y renoncer.

Des cohortes de chars et de pièces d'artilleries ont également été déployées.

Depuis samedi minuit, Israël a effectué plus de 20 raids aériens, portant à 1330 le nombre des «cibles terroristes» attaquées en six jours.

Appels à une trêve

Sur le front diplomatique, le secrétaire d'État américain John Kerry a une nouvelle fois souligné lors d'une conversation avec M. Nétanyahou que «les États-Unis étaient prêts à faciliter une cessation des hostilités, incluant un retour à l'accord de cessez-le-feu de novembre 2012».

À Paris, le président François Hollande a appelé à un cessez-le-feu «le plus rapidement possible»

Les ministres  allemand et italien, Frank-Walter Steinmeier et Federica Mogherini, sont par ailleurs attendus au Proche-Orient dans les prochains jours.

La diplomate italienne a prévu de rencontrer MM. Nétanyahou et Abbas, et son ministère a appelé la communauté internationale à «trouver le courage de mettre fin à l'une des guerres les plus longues de l'histoire contemporaine».

Photo Jack Guez, Agence France-Presse

Une roquette lancée de Gaza.

Ban met en garde contre une offensive terrestre

«Trop de civils palestiniens ont été tués» à Gaza et une offensive terrestre israélienne ne ferait qu'alourdir ce bilan, a souligné dimanche le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en réitérant son appel à un cessez-le-feu.

Selon un communiqué de son porte-parole Stéphane Dujarric, M. Ban «se sent une responsabibilité envers les Palestiniens qui, notamment dans la bande de Gaza, ont été longtemps empêchés de jouir de la liberté et de la dignité qu'ils méritent».

M. Ban déplore que la situation à Gaza «semble s'aggraver» et que l'appel samedi du Conseil de sécurité à un cessez-le-feu n'ait pas été entendu.

Il réitère sa condamnation des tirs de roquettes du Hamas vers Israël et «exige qu'ils cessent immédiatement».

Mais il souligne aussi que «trop de civils palestiniens ont été tués et que toute offensive terrestre israélienne aggravera sans aucun doute ce bilan et les souffrances des civils dans la bande de Gaza».

Il «exige» des deux camps qu'ils prennent «d'urgence des mesures pour mettre fin aux combats».

«Il est temps pour les familles israéliennes et palestiniennes de se sentir en paix et en sécurité, en faisant confiance à l'autre camp, plutôt que de ressentir peur, désespoir et haine», conclut le communiqué de l'ONU.



Photo Amir Cohen, Reuters

Des chars israéliens postés à la frontière avec Gaza.