Les rebelles chiites d'Ansaruallah ont pris mardi le contrôle de la ville d'Amrane, au nord de la capitale yéménite, après d'âpres combats contre les forces gouvernementales, ont affirmé un responsable local et le porte-parole des rebelles.

«Amrane est maintenant sous le contrôle des houthis», les rebelles d'Ansaruallah, a déclaré le responsable local, dont les propos ont été corroborés par diverses sources militaires et des témoins interrogés par l'AFP au téléphone.

Le porte-parole d'Ansaruallah, Mohamed Abdessalam, a lui aussi confirmé à l'AFP la chute d'Amrane aux mains de ses combattants, «entrés dans la ville pour épauler la population», selon lui.

Ce développement est intervenu au terme de quatre jours de violents combats après la rupture d'une trêve, annoncée par une commission présidentielle.

«La trêve a été rompue par les partisans du parti islamiste Al-Islah», le rival sunnite des houthis dans le nord du Yémen, a accusé M. Abdessalam.

«Nous avons alors pris nos responsabilités et sommes entrés à Amrane. La ville est ce soir sous notre contrôle et les affrontements se sont arrêtés», a ajouté le porte-parole, affirmant que son groupe serait «prêt» à remettre la ville aux autorités gouvernementales, mais sans préciser dans quelles conditions.

Les armes se sont tues dans la soirée, ont indiqué des habitants.

Les rebelles chiites, qui ont multiplié depuis début mars les attaques contre l'armée à Amrane et ses alentours, sont soupçonnés de vouloir élargir leur zone d'influence dans le futur État fédéral qui doit compter six provinces.

Selon des sources miliaires et locales concordantes, les houthis se sont emparés de l'ensemble d'Amrane, y compris les postes de police et le QG de la 310e brigade de l'armée, basée dans la ville.

Devant l'avancée des combattants houthis, «la plupart des soldats de la 310e brigade ont pris la fuite ou se sont rendus», a affirmé le porte-parole d'Ansruallah, qui s'est toutefois refusé à fournir un quelconque bilan des combats de mardi et des derniers jours.

Des bilans de différentes sources font état de plusieurs dizaines de morts dans les deux camps, certains évoquant jusqu'à 400 tués. Mais il est impossible de les vérifier de source indépendante.

Selon un bilan partiel de l'hôpital d'Amrane, les affrontements ont fait une soixantaine de morts en quatre jours. «Les corps de 60 tués, en majorité des civils et des militaires, ont été transportés dans l'hôpital depuis samedi», a indiqué un cadre médical, ajoutant qu'environ 180 blessés avaient également été admis.

Les combattants houthis contrôlaient en soirée les points d'entrée et de sortie d'Amrane alors que d'autres patrouillaient en ville, selon des témoins.

Le sort du commandant de la 310e brigade, le général Hamid al-Qouchaibi, vivement contesté par les rebelles chiites, reste inconnu.

L'intensité des combats a poussé quelque 10 000 familles à fuir Amrane, a indiqué le Croissant-Rouge yéménite, qui a lancé un «appel au secours» pour venir en aide à ces civils.

Il a ajouté que 5000 autres familles voulaient quitter Amrane, une ville de 120 000 habitants, mais n'en avaient pas les moyens.

Fortement implantés dans le nord du pays, où ils contrôlent la province de Saada, les rebelles houthis s'étaient emparés début février, au prix d'affrontements ayant fait 150 morts, de localités de la province d'Amrane, en délogeant le clan des Al-Ahmar, les puissants chefs de la confédération tribale des Hached.

Les rebelles sont issus du zaïdisme, une branche du chiisme majoritaire dans le nord du Yémen, alors qu'à l'échelle nationale, les sunnites sont prédominants.