La journée a été explosive hier au Proche-Orient. Après que le Hamas a promis de venger la mort de neuf de ses militants tués dimanche, une pluie de roquettes s'est abattue sur Israël. L'État hébreu a répondu hier soir par des dizaines de frappes aériennes sur la bande de Gaza. De leur côté, les États-Unis ont appelé les deux parties au calme. Est-il trop tard? État des lieux en cinq questions.

Q: Pourquoi les autorités israéliennes ont-elles bombardé Gaza au cours du week-end?

R: Depuis l'assassinat de trois adolescents juifs en Cisjordanie, l'État hébreu a promis de punir le Hamas, auquel il attribue le triple meurtre. Or, le Hamas, qui ne revendique pas les meurtres, mais refuse de les dénoncer, contrôle Gaza. Par ailleurs, Israël a dit hier avoir réussi à déjouer un attentat terroriste grâce aux bombardements de dimanche. Cependant, l'État hébreu nie être responsable de l'effondrement d'un tunnel à Rafah, dans lequel ont péri cinq militants de l'aile armée du Hamas.

Q: Quelle est la réaction du Hamas à ces événements?

R: Hier, un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a dit qu'Israël «paierait le prix» de la mort des neuf militants du Hamas. «Le sang des nôtres nous est cher et n'a pas été versé en vain», a dit le porte-parole. Dans les heures qui ont suivi, près de 85 roquettes, revendiquées par le groupe islamiste, ont été lancées vers le sud d'Israël, faisant un blessé. Ces tirs ont été suivis de nouveaux bombardements israéliens. Israël a aussi appelé en renfort 1500 soldats réservistes.

Q: Peut-on conclure que les deux parties s'approchent d'une guerre ouverte, enterrant l'accalmie des deux dernières années?

R: Expert du Moyen-Orient à l'Université McGill, Rex Brynen explique qu'il est difficile de prévoir si les événements des derniers jours dégénéreront. «Les deux parties au conflit n'ont pas intérêt à ce que la violence aille plus loin, mais c'est difficile de prévoir comment une action posée par l'une peut-être interprétée par l'autre,» note Rex Brynen.

Q: Pourquoi tous ces gestes de guerre si les deux parties veulent mettre fin à l'escalade des derniers jours?

R: «Israël et le Hamas jouent sur deux tableaux, explique le politologue de McGill. D'un côté, ils essaient de montrer à leurs propres ressortissants qu'ils réagissent, qu'ils se tiennent debout. De l'autre, ils essaient de communiquer par de tierces parties qu'ils aimeraient une accalmie, mais sans avoir l'air faibles. Le plus compliqué, c'est de mettre fin à l'épisode d'hostilités. Chacun veut avoir le dernier mot», estime Rex Brynen.

Q: A-t-on vu des gestes d'atténuation au cours des derniers jours?

R: À la suite de l'assassinat d'un jeune Palestinien de seize ans, Mohammed Abou Khdeir, six suspects israéliens ont été arrêtés. Certains d'entre eux sont des mineurs. Trois des suspects auraient avoué avoir brûlé vif le jeune homme en guise de vengeance pour la mort des trois adolescents juifs. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a appelé la famille Abou Khdeir, promettant de punir les coupables. De son côté, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a aussi déploré les meurtres des jeunes colons juifs. Hier, il a signé une lettre ouverte dans le journal Haaretz, affirmant que les Palestiniens croient toujours à l'éventualité d'une paix durable dans la région.