La mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE) en Afghanistan a jugé jeudi «très inquiétants» les signes de fraude dans l'élection présidentielle, et préconisé d'élargir l'audit en cours dans certains bureaux de vote.

Les premiers résultats du second tour doivent être annoncés lundi, après un report de cinq jours décidé par la commission électorale indépendante (IEC) pour régler la question des soupçons de fraudes qui menacent de paralyser le scrutin.

L'IEC doit y examiner des votes douteux dans près de 2000 des 23 000 bureaux de vote, espérant ainsi mettre fin au blocage entre les deux candidats Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, qui dénonce des bourrages d'urnes massifs en faveur de son rival.

Mais l'équipe d'observateurs de l'UE a estimé que cela n'était pas suffisant et a recommandé un élargissement de l'audit à 6000 bureaux de vote. «J'insiste sur la nécessité d'élargir l'audit», a déclaré le chef de la mission européenne, Thijs Berman, lors d'une conférence de presse jeudi à Kaboul.

«J'ai de sérieuses inquiétudes concernant un nombre significatif de bureaux de vote», a déclaré M. Berman. «Je n'ai pas de conclusions sur de possibles fraudes, car on ne peut en avoir qu'après un audit approfondi, mais les signes (de fraude) sont très inquiétants», a-t-il ajouté.

MM. Abdullah et Ghani, tous deux anciens ministres, se livrent depuis le second tour un bras de fer par médias interposés.

M. Abdullah a dénoncé des fraudes «à un niveau industriel» et a accusé son rival d'avoir bénéficié de votes frauduleux, ce que ce dernier nie en revendiquant une victoire «dans les règles».

Des négociations entre les deux camps ont toutefois été engagées cette semaine.

Le scrutin doit donner au pays un successeur à Hamid Karzaï, seul homme à l'avoir dirigé depuis la chute des talibans en 200. Une fois les résultats préliminaires publiés lundi, l'IEC a prévu un délai de quelques jours pour examiner des plaintes, et de publier le résultat final le 24 juillet.

Certains observateurs craignent qu'un regain de tension autour du scrutin ne provoque des violences entre les deux plus grands groupes ethniques du pays, les Tadjiks majoritaires au Nord, bastion des partisans de M. Abdullah, et les Pachtounes du Sud et l'Est, dont est issu M. Ghani.

Or, le pays aborde une période délicate avec le retrait prévu en fin d'année de la force de l'OTAN qui soutient le gouvernement face à la rébellion des talibans depuis plus de dix ans.