Un Palestinien a été tué par des soldats israéliens tôt lundi matin près de Ramallah, en Cisjordanie alors que l'armée conduisait des recherches pour retrouver trois Israéliens portés disparus depuis jeudi.

Ahmed Arafat, âgé de 19 ans, a été touché mortellement par balle à la poitrine lors de heurts avec des soldats israéliens dans le camp de réfugiés de Jalazone, ont indiqué à l'AFP des sources médicales et sécuritaires palestiniennes.

L'armée est entrée dans le camp pour procéder à des arrestations dans le cadre de sa vaste opération de recherche après l'enlèvement de trois jeunes Israéliens en Cisjordanie, ont précisé les sources.

Dimanche soir, des soldats israéliens avaient encerclé une maison d'un quartier palestinien de Hébron, appelant les habitants à se rendre et tirant une roquette antichar contre la porte du bâtiment, selon des témoins. Au moins une personne a été blessée et deux autres arrêtées.

Plus au nord, près de Bethléem, des inconnus circulant dans une voiture avaient ouvert le feu sur un poste de l'armée, sans faire de blessé, selon l'armée.

Par ailleurs, l'aviation israélienne a bombardé dans la nuit des sites d'«activités terroristes» et trois dépôts et «ateliers d'armes» dans la bande de Gaza, à la suite du tir de deux roquettes vers le sud d'Israël, selon un communiqué militaire.

Les deux engins avaient été interceptés par le système de défense anti-missile Iron Dome.

Le Hamas en accusation 

Dimanche, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a accusé le mouvement palestinien Hamas d'être responsable du kidnapping des trois Israéliens.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a également pointé les «nombreux indices» qui indiquent une implication du mouvement islamiste, considéré par Israël et les États-Unis comme «une organisation terroriste». L'un des jeunes serait de nationalité américaine, selon les médias israéliens.

«Des terroristes du Hamas ont enlevé trois adolescents israéliens. C'est un fait et ce n'est pas une surprise (...) car le Hamas est voué à la destruction d'Israël», a déclaré M. Nétanyahou.

Il a répété qu'il tenait le président palestinien Mahmoud Abbas pour «responsable de toute attaque émanant d'un territoire sous contrôle palestinien».

Le gouvernement palestinien a répondu qu'il «n'était pas responsable des zones en dehors du contrôle sécuritaire palestinien et qui sont occupées par des dizaines de colonies».

Selon les médias israéliens, les trois jeunes ont disparu alors qu'ils faisaient de l'auto-stop près du Gush Etzion, un bloc de colonies situé entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron (sud de la Cisjordanie). Cette région est sous contrôle civil et militaire israélien.

Ils ont été identifiés comme Eyal Yifrach, 19 ans, originaire d'Elad (Israël), Naftali Frenkel, 16 ans, de Nof Ayalon (Israël), et Gilad Shaer, 16 ans, de la colonie de Talmon, en Cisjordanie occupée.

«Campagne raciste» 

Réunie à Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, la direction de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a dénoncé une campagne «raciste» et rejeté les «fausses accusations» de M. Nétanyahou, estimant que la disparition des trois Israéliens n'était qu'«un prétexte pour étendre la colonisation».

Israël n'a cessé de dénoncer l'alliance entre le Hamas et l'OLP, dirigée par M. Abbas, depuis la signature de leur accord de réconciliation le 23 avril. Cet accord a donné naissance le 2 juin à un gouvernement d'union palestinien soutenu par le Hamas mais composé de personnalités indépendantes.

Un porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a qualifié les accusations du Premier ministre israélien de «stupides».

L'armée israélienne a monté une vaste opération de recherches dans la région de Hébron, mobilisant plus de 2.500 soldats, la plus importante depuis des années en Cisjordanie. La plus grande ville de Cisjordanie a été bouclée.

«Au cours des dernières 24 heures, nous avons élargi nos opérations et arrêté des dizaines d'activistes du Hamas», a déclaré un porte-parole de l'armée. Parmi les personnes interpellées, figure le député Hassan Youssef, l'un des fondateurs du mouvement islamiste.

Le secrétaire-général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné dimanche le rapt des trois jeunes Israéliens, mais il a aussi regretté la mort d'un garçon de sept ans à Gaza, décédé samedi de ses blessures à la suite d'un raid israélien.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé la libération «immédiate et inconditionnelle» des adolescents.