Israël a relancé massivement jeudi la colonisation en représailles à un gouvernement d'union palestinien agréé par la communauté internationale, soulevant la colère des Palestiniens qui en ont appelé à l'ONU.

Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a annoncé, en deux temps, des projets de construction de plus de 3000 logements de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.

Israël a fort mal pris la reconnaissance internationale du cabinet palestinien de «consensus national», surtout de la part de son allié américain qu'il a accusé de «trahison».

Ce cabinet constitué de technocrates et intronisé lundi est le fruit d'un accord de réconciliation entre le mouvement Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas considéré, aussi bien par Israël que par Washington comme un «groupe terroriste».

Le ministère israélien du Logement a lancé un appel d'offres pour près de 1500 logements dans six colonies de Cisjordanie ainsi que dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo, à Jérusalem-Est annexée, selon un communiqué.

«C'est la réponse sioniste appropriée quand on nous crache dessus. Je parle de nos voisins (palestiniens), mais aussi du reste du monde», a dit le ministre du Logement Uri Ariel, un colon, numéro deux du parti nationaliste-religieux Foyer juif.

Le gouvernement Nétanyahou a ordonné ultérieurement le déblocage d'un plan de construction de 1800 unités supplémentaires dans dix colonies de Cisjordanie, a indiqué un responsable israélien.

«Crimes de guerre»

«Ces constructions sont situées dans des zones qui resteront de toute façon aux mains d'Israël en cas d'accord de paix, à savoir dans des quartiers de Jérusalem et des gros blocs de colonies», a tenté de relativiser un autre responsable.

En réaction, les Palestiniens ont décidé de porter le problème de la colonisation devant l'ONU, comme ils l'avaient fait début 2011.

«Le Comité exécutif de l'OLP considère cette dernière escalade avec le plus grand sérieux et répondra en interpellant à la fois le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale de l'ONU», a averti Hanane Achraoui, une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Les Palestiniens pourraient aussi faire appel à la justice internationale, une démarche à laquelle s'opposent Washington et l'Union européenne.

«Il est grand temps qu'Israël rende compte devant les organisations internationales de ses crimes de guerre, au premier rang desquels la colonisation», a dit à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Nétanyahou pyromane»

Le statut d'État observateur obtenu en novembre 2012 à l'ONU ouvre à la Palestine l'accès à diverses conventions et instances internationales, y compris la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice.

Début avril, M. Abbas a signé les demandes d'adhésion de la Palestine à 15 accords et traités internationaux après le refus d'Israël de libérer comme prévu des prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations de paix qui ont ensuite été suspendues après neuf mois de dialogue infructueux.

Israël a menacé de prendre des sanctions «supplémentaires» contre l'Autorité palestinienne de M. Abbas en proie à des difficultés économiques. Il n'a pour le moment gelé qu'une petite partie des 117 millions de dollars de TVA et de taxes douanières qu'il doit lui rembourser chaque mois.

En guise de punition, Israël empêche les nouveaux ministres palestiniens de circuler librement entre la Cisjordanie, dont les zones autonomes sont administrées par l'Autorité de M. Abbas, et Gaza contrôlée par le Hamas.

L'ambassadeur des États-Unis en Israël, Dan Shapiro, a défendu le soutien américain au cabinet palestinien qui, a-t-il répété, «ne comporte aucun ministre du Hamas», adhère à la non-violence, reconnaît l'État d'Israël et respecte les engagements passés.

La relance de la colonisation, considérée comme illégale au regard du droit international, a provoqué une passe d'armes au sein de la coalition en Israël.

«C'est une nouvelle erreur diplomatique qui n'aidera pas Israël à rallier la communauté internationale contre le Hamas», a déploré la ministre de la Justice Tzipi Livni.

Quant au leader de l'opposition, le travailliste Yitzhak Herzog, il a fustigé la «pyromanie politique» de «Bibi» Nétanyahou.

Le nombre de mises en chantier de logements dans les colonies a plus que doublé en 2013 par rapport à l'année précédente, passant de 1133 à 2534, selon des statistiques officielles.