Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a exhorté dimanche la communauté internationale à ne pas «se précipiter» pour reconnaître le prochain gouvernement d'union palestinien qui doit prêter serment lundi.

«J'appelle tous les éléments responsables de la communauté internationale à ne pas se précipiter pour reconnaître un gouvernement palestinien dont le Hamas est membre à part entière et qui s'appuie sur le Hamas», a affirmé M. Nétanyahou lors du conseil des ministres.

«Le Hamas est une organisation terroriste qui appelle à la destruction de l'État d'Israël», a ajouté le premier ministre. Selon M. Nétanyahou, la formation de ce gouvernement «ne va pas renforcer la paix, cela va renforcer le terrorisme».

Selon la radio publique, les dirigeants israéliens veulent surtout convaincre les États-Unis de ne pas reconnaître le futur exécutif palestinien et de «respecter ainsi l'engagement pris par Washington de ne pas négocier avec un gouvernement soutenu par le Hamas».

La radio affirme aussi qu'Israël avait refusé d'autoriser trois futurs ministres à se rendre de la bande de Gaza, dirigée par le Hamas, à Ramallah (Cisjordanie) pour prêter serment devant le président Mahmoud Abbas.

Interrogés par l'AFP, le ministère de la Défense et le bureau de M. Nétanyahou se sont refusés à tout commentaire.

Mais un haut cadre palestinien à Gaza chargé de la coordination des passages avec Israël a confirmé qu'Israël avait rejeté la demande des trois ministres pressentis.

«Au coup par coup»

Après plusieurs reports, M. Abbas a affirmé samedi que le futur gouvernement de «consensus national», qui doit être composé de personnalités indépendantes et de technocrates, serait présenté lundi.

«Les ministres ne seront pas membres du Fatah ni du Hamas», les deux frères ennemis du mouvement national palestinien, a insisté M. Abbas.

La cérémonie doit avoir lieu à 13 h locales (8 h au Québec), a précisé à l'AFP Azzam al-Ahmad, chargé du dossier de la réconciliation au sein du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas.

Mais à Gaza, le Hamas n'a pas confirmé la date de lundi, soulignant qu'il restait des divergences avec M. Abbas, concernant en particulier le ministère des Prisonniers qu'il veut voir maintenu, un contentieux susceptible selon lui de retarder à nouveau l'annonce du gouvernement.

De son côté, le président palestinien a assuré qu'Israël avait l'intention de «nous punir» et de «boycotter» le nouveau gouvernement de réconciliation.

Selon M. Abbas, les Palestiniens répliqueront à toute initiative israélienne: «Nous prendrons des mesures au coup par coup, mais nous ne serons pas les premiers à agir».

Dans un communiqué daté de New York, où il est en visite, le vice-ministre israélien de la Défense Danny Danon a pressé l'administration américaine de stopper toute assistance à l'Autorité palestinienne.

«Il est impensable que près d'un demi-milliard d'aide américaine finance l'Autorité palestinienne et tombe directement entre les mains d'une organisation terroriste comme le Hamas», s'est indigné M. Danon, un faucon du Likoud (droite nationaliste).

«Mettre fin à la division»

Israël a averti qu'il tiendrait le président Abbas pour «responsable» en cas de tirs de roquette de la bande de Gaza.

En fait, le gouvernement palestinien, de transition et sans mandat politique, sera chargé d'organiser des élections dans un délai de six mois. Il sera conduit par le premier ministre sortant Rami Hamdallah, un ancien mandarin universitaire relativement peu connu à l'étranger.

«Nous espérons que ce gouvernement prendra immédiatement des mesures pratiques pour mettre fin à la division et rétablir l'unité des institutions palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza», a plaidé M. Ahmad à la radio officielle La Voix de la Palestine.

Le président Abbas a promis que le futur gouvernement rejetterait la violence, reconnaîtrait Israël et respecterait les engagements internationaux, afin de rassurer la communauté internationale sur sa volonté de paix avec Israël.

L'OLP, dominée par le Fatah, et le Hamas ont signé le 23 avril un nouvel accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique depuis 2007 entre la Cisjordanie, dont l'Autorité palestinienne administre les zones autonomes, et la bande de Gaza dirigée par le Hamas et sous blocus israélien.

Israël a immédiatement réagi en suspendant les négociations de paix avec les Palestiniens, que le secrétaire d'État américain John Kerry avait relancées l'été dernier mais sans succès.