Le président Barack Obama s'est engagé dimanche, lors d'une courte visite surprise en Afghanistan, à se prononcer prochainement sur le nombre de soldats américains qui pourraient rester dans le pays pour soutenir l'armée afghane après le départ de l'OTAN à la fin de l'année.

Arrivé en début de soirée en Afghanistan, M. Obama est resté environ quatre heures sur la base de Bagram, un gigantesque complexe militaire sous contrôle américain à une quarantaine de kilomètres au nord de Kaboul.

Cette visite intervenait sur fond de tensions entre Kaboul et Washington, le président afghan Hamid Karzaï ayant repoussé la signature d'un traité bilatéral de sécurité (BSA) encadrant le maintien d'un contingent américain dans le pays après le retrait des 51 000 soldats de l'OTAN d'ici à la fin 2014.

A Bagram, M. Obama a annoncé que la décision sur le nombre de soldats américains qui pourraient rester en Afghanistan serait prise «assez rapidement».

Un haut responsable de l'administration Obama, qui voyage avec le président à bord d'Air Force One, a précisé que cette décision devrait être annoncée «dans les prochains jours».

Au cours de son vol de retour, Barack Obama a téléphoné au président Karzaï pendant 15 à 20 minutes pour lui dire qu'il l'informerait en priorité de sa décision, a précisé ce haut responsable ayant requis l'anonymat.

Le président américain devrait d'ailleurs «clarifier» mercredi sa position lors d'un discours à l'académie militaire de West Point, a indiqué Ben Rhodes, membre du cabinet de sécurité nationale de M. Obama.

Selon des responsables de défense, M. Obama pencherait plutôt pour un contingent de 10 000 hommes, soit le niveau recommandé par les militaires américains.

Pas de rencontre avec Karzaï

Le maintien de troupes américaines sur le sol afghan permettrait aux forces afghanes de continuer à bénéficier d'un soutien militaire, notamment dans le domaine aérien, parent pauvre de l'armée afghane, face aux insurgés talibans.

Chassés en 2001 par une coalition militaire internationale menée par les États-Unis, les rebelles islamistes mènent une guérilla meurtrière que plus de douze ans d'intervention occidentale n'ont pas réussi à mater.

Les atermoiements de M. Karzaï sur le BSA ont provoqué l'exaspération de Washington qui a par le passé brandi la menace de l'«option zéro»: ne laisser aucune troupe dans le pays après 2014.

Signe, peut-être, de cette crispation: M. Karzaï a refusé de se rendre sur la base de Bagram pour y rencontrer M. Obama, malgré l'invitation qui lui avait été faite.

«Le gouvernement afghan est prêt à recevoir chaleureusement le président américain au palais présidentiel, mais n'a pas l'intention de se rendre à Bagram pour rencontrer M. Obama», a déclaré la présidence afghane, tandis que les Américains ont mis ce refus sur le dos du caractère imprévu de la visite de M. Obama.

Ce dernier «s'entretiendra probablement au téléphone avec le président Karzaï dans les jours à venir, et il a hâte de travailler avec le prochain président afghan», a dit un responsable américain.

Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, les deux prétendants à la succession de M. Karzaï qui s'affronteront le 14 juin lors du second tour de l'élection présidentielle, se sont tous deux prononcés en faveur de l'accord de sécurité avec les États-Unis.

M. Obama n'a pas non plus rencontré l'un ou l'autre des candidats, pour ne «pas s'immiscer au milieu d'une élection», a dit M. Rhodes.

Terminer la plus longue guerre américaine 

A Bagram, M. Obama a rendu hommage aux soldats américains engagés dans la plus longue guerre de l'histoire des États-Unis, qui a coûté la vie à plus de 2300 d'entre eux.

«Après plus d'une décennie de guerre, nous avons atteint un point charnière», a-t-il déclaré devant des soldats.

«D'ici la fin de l'année (...) l'Afghanistan aura pris l'entière responsabilité de sa sécurité. Notre mission de combat se terminera, la guerre des États-Unis en Afghanistan s'achèvera de manière responsable».

Cette visite survenait à la veille du Memorial Day, jour férié aux États-Unis en hommage aux anciens combattants, et au moment où le ministère américain des Anciens combattants est touché par un scandale de retards persistants dans la prise en charge de vétérans.

Ces retards, dans les hôpitaux gérés par ce ministère, ont pris une nouvelle tournure après des révélations sur l'existence d'un système parallèle afin de dissimuler la longueur des listes d'attente dans un établissement de Phoenix (Arizona), qui pourrait avoir coûté la vie à 40 patients.

Ces accusations, qui se sont étendues à 25 autres hôpitaux, ont mis le président Obama sur la défensive, confronté aux appels d'associations d'anciens combattants à la démission du ministre, Eric Shinseki.

Face aux soldats de Bagram, M. Obama a promis que les États-Unis prendraient soin des «combattants blessés» et des «vétérans».