Au moins 25 personnes ont péri dans de nouvelles violences jeudi en Irak, dont 10 dans un double attentat suicide près d'un tribunal à Bagdad et cinq officiers abattus dans le nord du pays.

Dans le même temps, les forces de sécurité ont tué au moins 80 insurgés, lors d'opérations menées dans des régions à l'ouest de Bagdad que le pouvoir tente de reprendre aux insurgés, selon un communiqué du ministère de la Défense.

L'Irak est endeuillé depuis plus d'un an par des violences meurtrières quotidiennes. Les autorités les imputent à des facteurs extérieurs, au premier rang desquels la guerre en Syrie voisine mais diplomates et experts affirment qu'elles sont surtout alimentées par la colère de la minorité sunnite, qui s'estime marginalisée et maltraitée par les autorités.

À Bagdad, deux attentats suicide ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle à une heure de pointe dans le secteur commerçant de Kerrada, près d'un croisement sur lequel se trouvent un hôpital, un siège de la police et un tribunal. Dix personnes ont été tuées et 36 blessées, selon le général Saad Maan, porte-parole de la Sécurité.

Il a précisé que le bilan aurait pu être plus élevé, si un troisième kamikaze n'avait pas été abattu par les forces de sécurité.

«Ce qui s'est produit près du tribunal de Kerrada était une tentative terroriste de s'introduire dans le tribunal», a-t-il ajouté, assurant que des «membres des forces de sécurité» avaient péri dans la première explosion, sans en préciser leur nombre.

Des ambulances sont arrivées rapidement sur les lieux d'où se sont élevées des colonnes de fumée, tandis que les services de sécurité ont bouclé le secteur.

Dans un quartier à majorité chiite de Bagdad, une voiture piégée a explosé devant des boutiques, faisait au moins trois morts, selon des responsables.

Ailleurs dans le pays, sept personnes ont péri dans des attaques, selon des responsables.

Au nord de Bagdad, dans la province de Salaheddine, des hommes armés ont exécuté cinq officiers de l'armée après s'être emparés de leur véhicule. Ils ont néanmoins laissé partir le chauffeur.

Les officiers, qui étaient de repos et habillés en civil, faisaient route vers la province occidentale d'Al-Anbar pour rejoindre leur unité qui combat des insurgés dans cette région.

C'est dans la province d'Al-Anbar que les troupes irakiennes tentent de reprendre des régions contrôlés par des rebelles jihadistes et des tribus antigouvernementales.

Des jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et des combattants de tribus antigouvernementales ont pris début janvier le contrôle de quartiers de Ramadi ainsi que de la totalité de Fallouja, à 100 et 60 km à l'ouest de Bagdad.

Depuis, l'armée a repris quasiment tout le contrôle de Ramadi, mais Fallouja reste sous la coupe des insurgés et est le théâtre de bombardements réguliers.

Une attaque contre Fallouja constituerait un défi de taille pour les forces gouvernementales, qui n'ont encore jamais mené une opération de cette ampleur depuis le départ des derniers soldats américains fin 2011.

En 2004, l'armée américaine, qui avait envahi l'Irak en 2003 et renversé le président Saddam Hussein, avait elle-même eu énormément de mal à reprendre Fallouja, alors bastion de l'insurrection contre l'invasion.

Alors que les autorités ne parviennent pas à mettre fin au bain de sang, le premier ministre sortant Nouri al-Maliki, un chiite, espère malgré un bilan mitigé pouvoir décrocher un troisième mandat à l'issue des législatives du 30 avril, dont les résultats sont attendus pour la fin mai.

Les violences ont fait plus de 3300 morts depuis le début de l'année.