Au moins vingt personnes ont été tuées dans les violences samedi en Irak, dont onze dans un bombardement sur la ville de Fallouja tenue par les insurgés depuis janvier, selon des sources médicales et de sécurité.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Saad Maan, a affirmé que les forces de sécurité avaient tué le même jour 50 insurgés dans leurs opérations autour de Fallouja, mais aucune confirmation indépendante ne pouvait être obtenue de ce bilan.

Dans cette ville située à 60 km à l'ouest de Bagdad, onze personnes ont en outre péri et 20 ont été blessées dans des tirs à l'artillerie lourde dont l'origine n'était pas claire dans l'immédiat, a indiqué le directeur du principal hôpital local.

Mais il est probable que l'armée, qui tente de déloger les insurgés de la cité, en soit responsable.

La veille, l'armée a lancé une opération pour reprendre des secteurs autour de la ville, en vue d'un éventuel assaut.

Des membres du groupe jihadiste de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et des combattants de tribus anti-gouvernementales ont pris début janvier le contrôle de Fallouja, ainsi que de certains quartiers de Ramadi, à 40 km plus à l'ouest.

Depuis, des heurts opposent ponctuellement forces irakiennes et insurgés dans les environs, tandis que la ville est le théâtre de bombardements réguliers.

Une attaque contre Fallouja constituerait un défi de taille pour les forces gouvernementales, qui n'ont encore jamais mené une opération de cette ampleur depuis le départ des derniers soldats américains fin 2011.

En 2004, l'armée américaine elle-même avait eu énormément de mal à reprendre Fallouja, alors bastion de l'insurrection contre l'invasion.

Un assaut contre la ville, qui ferait de nombreuses victimes civiles, attiserait en outre le sentiment anti-gouvernemental très fort dans cette région majoritairement sunnite.

Dans d'autres violences samedi, deux personnes, dont un soldat à la retraite, ont été tuées dans des fusillades dans la province de Ninive, au nord de Bagdad, selon des responsables. Au moins sept autres personnes ont péri a Tarmiya, au nord de Bagdad dans un attentat suicide à la voiture piégée contre un barrage des forces de sécurité.

Ces violences interviennent alors que le décompte des votes des élections législatives du 30 avril, les premières depuis le départ des troupes américaines, est toujours en cours.

Le premier ministre sortant Nouri al-Maliki est donné favori pour décrocher un troisième mandat, malgré un bilan mitigé et une spirale de violences à laquelle nul ne parvient à mettre fin.

Plus de 3100 personnes ont déjà été tuées cette année, selon un bilan de l'AFP établi à partir de sources médicales et sécuritaires.

Les autorités imputent la violence qui touche l'ensemble du pays à des facteurs extérieurs, au premier rang desquels la guerre en Syrie voisine. Mais diplomates et analystes affirment que les violences sont surtout alimentées par la colère de la minorité sunnite, qui s'estime marginalisée et maltraitée par les autorités.