L'armée a repris jeudi le plus important bastion d'Al-Qaïda à Chabwa, une province du sud du Yémen où elle mène depuis plus d'une semaine une offensive contre le réseau extrémiste, a annoncé le ministère de la Défense.

«Les forces armées et de sécurité sont entrées à Azzane», la deuxième plus grande ville de Chabwa, qui était aux mains des insurgés d'Al-Qaïda, a ajouté le ministère sur son site internet 26sep.net

Le ministre de la Défense, Mohamed Nasser Ahmed, a inspecté dans la journée ses troupes à Azzane, qu'il a félicitées pour «les victoires remportées contre les membres du réseau terroriste d'Al-Qaïda», selon l'agence officielle Saba.

Lors d'une réunion avec les autorités locales et des dignitaires tribaux d'Azzane, une ville de quelque 30 000 habitants, le ministre a assuré que l'armée allait «traquer les derniers terroristes dans les villages avoisinants».

Des opérations de ratissage se poursuivaient dans la banlieue d'Azzane et les villages proches, ont indiqué des officiers de l'armée cités par Saba.

Un responsable local, interrogé par l'AFP, a indiqué que «les forces armées sont entrées à Azzane sans résistance, après le retrait des combattants d'Al-Qaïda vers Al-Kour», une région montagneuse située à cheval entre Chabwa et Abyane, la province voisine.

Selon lui, «un accord entre des dignitaires tribaux et Al-Qaïda a permis un retrait des insurgés sans combat, ce qui a évité les effusions de sang et les destructions».

L'armée yéménite a lancé le 29 avril une offensive contre les combattants d'Al-Qaïda pour les déloger de leurs bastions dans les provinces de Chabwa et d'Abyane où le réseau extrémiste est bien implanté.

À Abyane, de nouveaux accrochages ont éclaté jeudi autour de Wadi Dhiqa, un bastion des combattants d'Al-Qaïda dont ils s'étaient retirés mardi sous la pression de l'armée, a indiqué un membre des miliciens progouvernementaux engagés dans l'offensive aux côtés des militaires.

«Des dizaines de combattants, qui s'étaient repliés sur les montagnes avoisinantes, cherchent à reprendre leur fief en tirant sur les militaires, qui répliquaient», a déclaré ce milicien, présent à Wadi Dhiqa.

Le ministère de la Défense a en outre annoncé la mort de quatre chefs locaux d'Al-Qaïda, dont un Koweïtien, Abou Moussaab, tués dans des affrontements avec les forces gouvernementales.

Les trois autres chefs ont été identifiés comme étant Abou Walid al-Houmaqani, Khaled al-Oudeini et Abou Adel al-Kaldi, ce dernier ayant été abattu dans la province de Baida (centre), selon le ministère.

Depuis le début de l'offensive militaire dans le sud, les autorités ont annoncé la mort de plusieurs membres étrangers du réseau extrémiste.

Mercredi, elles avaient fait état de la mort d'un Algérien, d'un Pakistanais et d'un Saoudien, après celle d'un Tchétchène et d'un Ouzbek notamment.

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a déclaré la semaine dernière que «70% des membres d'Aqpa», Al-Qaïda dans la Péninsule arabique, étaient des étrangers, faisant état de la présence dans les morgues au Yémen de cadavres de jihadistes originaires notamment du «Brésil, des Pays-Bas, d'Australie, de France et d'Allemagne».

Al-Qaïda au Yémen, considéré par les États-Unis comme la plus dangereuse des branches du réseau extrémiste, est bien implantée dans le sud et le sud-est du pays.