La prison d'Abou Ghraïb près de Bagdad, tristement célèbre pour les tortures qu'y infligèrent les hommes de Saddam Hussein et les abus qu'y commirent des soldats américains, a été fermée par crainte de failles de sécurité, a annoncé mardi le ministère de la Justice.

Il n'était pas clair dans l'immédiat s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive.

Abou Ghraïb est située dans une zone dangereuse, à mi-chemin entre Bagdad et la ville de Fallouja, tombée aux mains d'insurgés, dont des djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), début janvier.

«Le ministère de la Justice a annoncé la fermeture totale de la prison centrale de Bagdad, anciennement (appelée) Abou Ghraïb, et l'évacuation de tous les prisonniers, en coopération avec le ministère de la Défense», selon un communiqué publié sur l'internet.

Le ministre de la Justice, Hassan al-Chammari, cité dans le communiqué, précise que 2400 détenus, arrêtés ou condamnés pour des affaires liées au terrorisme, ont été transférés dans d'autres établissements du centre et du nord de l'Irak.

«Le ministère a pris cette décision dans le cadre de plusieurs mesures de précaution concernant la sécurité des prisons», a expliqué M. Chammari, ajoutant qu'Abou Ghraïb est «une zone de tensions».

Du temps de Saddam Hussein, la prison servait de centre de torture. Environ 4000 détenus y sont morts.

Abou Ghraïb a également fait les titres de la presse internationale en 2004, après la parution de photos montrant des détenus irakiens humiliés et frappés par des soldats américains, après l'invasion du pays en 2003 par une coalition menée par les États-Unis.

En juillet 2013, des centaines de détenus s'en étaient échappés à la faveur d'un assaut revendiqué par l'EIIL, et plus de 50 personnes - prisonniers et membres des forces de sécurité - étaient mortes dans l'attaque.

L'Irak connaît depuis plusieurs mois une multiplication des attaques, attentats et meurtres, qui atteignent désormais des niveaux jamais vus depuis 5 ans.

Plus de 340 personnes sont mortes en avril, et plus de 2550 depuis le début de l'année, selon un bilan établi par l'AFP sur la base de sources médicales et de sécurité.