Le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, a approuvé dimanche le retour de colons juifs dans une maison de quatre étages très disputée à Hébron, en Cisjordanie occupée, a indiqué le ministère israélien de la Défense.

«Suite à la décision de la Cour suprême, le ministre de la Défense Moshé Yaalon a approuvé aujourd'hui l'occupation de la "Maison brune" par ses acquéreurs», a indiqué le ministère dans un communiqué, en précisant qu'un «petit nombre de familles» devait s'y installer.

La radio militaire israélienne a assuré que trois familles avaient déjà pris possession des lieux dimanche après-midi.

La Cour suprême israélienne avait statué le 11 mars que des colons juifs étaient les propriétaires légaux de cette maison, située entre la Vieille ville de Hébron et la colonie de Kiryat Arba, en Cisjordanie, dans l'enclave dite «zone H2» qui est sous la protection de milliers de soldats israéliens.

«Cela montre à quel point le gouvernement israélien préfère s'engager dans la voie de la colonisation plutôt que celle de la paix», a déclaré dans un communiqué le membre du Fatah et négociateur palestinien Mohammad Shtayyeh qui a estimé que cette décision menaçait «la vie des Palestiniens de Hébron qui souffrent en permanence des actes de terrorisme des colons».

L'ONG Breaking the Silence, une association pacifiste d'anciens militaires israéliens, qui témoignent et répertorient les violations des droits des Palestiniens, a indiqué de son côté dans un communiqué qu'il s'agissait de la première fois depuis 1980 que les autorités israéliennes autorisaient l'établissement d'une nouvelle colonie à Hébron.

Selon cette ONG, avec le renforcement d'une présence militaire dans le secteur de cette nouvelle implantation, les Palestiniens feront face à de nouvelles restrictions «comme la fermeture de routes ou celle de commerces».

La mise en application de cette décision intervient au moment où les négociations de paix patinent et trois jours après l'adoption par Israël d'une salve de sanctions économiques contre les Palestiniens.

«Le ministère de la Défense et le gouvernement ont prouvé avec cette décision qu'ils n'étaient pas intéressés par une solution à deux États, ou par sa négociation», a déclaré à l'AFP, Lior Amihaï, porte-parole de La Paix Maintenant, une ONG israélienne anti-colonisation.

«Il s'agit d'une triste décision qui conforte la branche la plus à droite et la plus radicale des colons, qui viennent de recevoir une nouvelle implantation», a déploré M. Amihaï.

La décision de la justice israélienne a mis fin à près de sept années de procédures engagées par la famille Rajabi, les anciens propriétaires palestiniens de la maison, dénonçant une fraude de la part des colons qui s'y sont installés durant plusieurs mois en 2007.

«La maison brune», selon la désignation de l'administration israélienne, est surnommée par certains «La maison du conflit» ou encore «La maison de la paix» par les colons. Elle a été vendue en 2004, selon la Cour, par ses propriétaires palestiniens à des colons par l'intermédiaire d'«un homme de paille non juif».

Les Palestiniens considèrent la vente d'une propriété à des colons juifs comme une trahison, aussi ces transactions se font-elles presque toujours en secret ou par l'intermédiaire d'agents, ce qui alimente un important contentieux devant les tribunaux israéliens.

Installés en 2007 dans cette maison, les colons avaient été délogés par l'armée israélienne en 2008 après une semaine de violences.