Deux soldats et un civil ont été tués samedi dans un attentat suicide à la voiture piégée contre un barrage de l'armée à Hermel, une ville de l'est du Liban où est bien implanté le mouvement chiite Hezbollah, a déclaré à l'AFP un responsable médical.

L'attentat a été revendiqué par le «Front al-Nosra au Liban», considéré comme une branche d'un groupe lié à Al-Qaïda qui combat l'armée du président syrien Bachar al-Assad, et qui avait déjà revendiqué une attaque similaire ayant fait quatre morts le 1er février dans cette ville située à 10 km de la frontière syrienne.

Le groupe a dit agir en représailles à l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie, où le mouvement chiite combat, lui, aux côtés des forces du régime.

L'attaque a fait trois morts, deux soldats et un civil, et 16 blessés, dont cinq soldats, a précisé le responsable médical sous couvert de l'anonymat.

Les voitures étaient régulièrement arrêtées et fouillées par l'armée au barrage visé, situé à l'entrée de Hermel.

Juste après l'attaque, la police militaire a imposé un périmètre de sécurité, à la recherche de suspects et d'éléments pour l'enquête, selon l'agence nationale ANI. Les autorités judiciaires ont également ordonné un examen ADN sur les restes du kamikaze, a ajouté l'ANI.

Le Liban est plongé dans une spirale de violences liée au conflit en Syrie, qui a exacerbé les tensions entre musulmans sunnites appuyant en majorité les rebelles, et les chiites, emmenés par le Hezbollah.

- 'Acte de terrorisme' -

Depuis juillet, lorsque le mouvement chiite a annoncé qu'il combattait aux côtés des forces gouvernementales syriennes, ses fiefs au Liban, la banlieue sud de Beyrouth et l'est du pays, ont été visés une dizaine de fois par des attentats.

Le dernier en date remonte à mercredi, lorsqu'un double attentat suicide contre le Centre culturel iranien à Beyrouth a coûté la vie à 11 personnes. L'Iran soutient également Damas dans sa guerre contre les rebelles.

Il s'agit du deuxième attentat depuis la formation il y a une semaine d'un nouveau gouvernement réunissant les deux blocs rivaux: celui du Hezbollah et celui de la coalition dite du «14-mars» de l'ex-premier ministre sunnite Saad Hariri, qui soutient l'opposition syrienne.

Le premier ministre Tammam Salam a condamné l'attaque samedi soir, dénonçant un «acte de terrorisme», selon l'agence ANI.

Il a en outre appelé les Libanais à «se rallier à l'armée et aux forces de sécurité, qui ont toujours été et continueront à être une forteresse pour la nation».

Le jour de l'annonce de la formation de son gouvernement, il avait promis de «lutter contre toutes les formes de terrorisme».

Si la majorité des attentats des derniers mois ont eu lieu dans des fiefs du Hezbollah, certains ont cependant visé le camp adverse, comme le 27 décembre lorsqu'un politicien sunnite, Mohammed Chatah, avait été tué dans un attentat à Beyrouth.

M. Hariri a également dénoncé une attaque «criminelle» et «terroriste», présentant ses condoléances au commandant en chef de l'armée Jean Kahwaji.

Le coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban, Derek Plumbly a aussi condamné l'attentat et présenté ses condoléances à l'armée libanaise et aux familles des victimes.

«La récurrence des actes de terrorisme doit renforcer le soutien de tous les Libanais aux institutions, particulièrement à l'armée et aux forces de sécurité, qui travaillent à assurer la sécurité et la stabilité du Liban», a-t-il ajouté dans un communiqué.