Le ministère irakien de la Défense a annoncé samedi la suspension pendant 72 heures de ses opérations militaires contre Fallouja, une ville à 60 km à l'ouest de Bagdad contrôlée depuis début janvier par des insurgés anti-gouvernementaux.

«Les opérations militaires menées contre des cibles sélectionnées d'organisations terroristes dans la ville de Fallouja ont été arrêtées pour une période de 72 heures», a annoncé le ministère dans un communiqué.

Cette décision a été prise «en réponse à des contacts fréquents (...) avec les forces (sur le terrain) et les gens appelant à la paix, et pour mettre fin au bain de sang à Fallouja», a-t-il ajouté.

Mais les violences dans la région n'ont pas cessé pour autant.

Six soldats ont été blessés samedi dans des heurts avec des hommes armés à l'est de Fallouja, et un attentat à la voiture piégée contre un convoi de l'armée a tué fait 6 morts et 4 blessés près de Ramadi, à 40 km à l'ouest de Fallouja, dont plusieurs quartiers échappent aussi au contrôle des autorités irakiennes.

Depuis que les insurgés ont pris Fallouja et des quartiers de Ramadi début janvier, l'armée et la police, appuyées par des tribus pro-gouvernementales, mènent des opérations pour tenter de regagner du terrain dans cette province d'Al-Anbar, qui a été un bastion de l'insurrection après l'invasion américaine de 2003.

Cette annonce de cessez-le-feu pourrait signifier la possibilité qu'un accord négocié est en vue pour mettre fin à cette grave crise dans la province d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie.

Une fin des combats serait une victoire non négligeable pour le premier ministre chiite Nouri al-Maliki à quelques semaines des élections législatives d'avril.

M. Maliki s'est rendu à Ramadi la semaine dernière pour discuter avec les responsables de la province et des chefs des puissantes tribus locales.

Le gouvernement a en outre promis une compensation aux résidents d'Al-Anbar dont les maisons ont été touchées par les violences.

Il a annoncé 100 milliards de dinars (quelque 83 millions de dollars) de fonds pour les constructions dans la province et a indiqué que les forces de sécurité fourniraient un entraînement aux combattants des tribus pro-gouvernementales.

Ces mesures visent à apaiser la population, majoritairement sunnite, de la région, qui se sent marginalisée par le pouvoir dominé par les chiites, ce qui facilite le terrain pour les jihadistes, selon des experts.

Les combats dans cette province ont poussé à l'exode plus de 370 000 personnes, le plus important déplacement de population en Irak depuis les violences confessionnelles il y a sept ans, selon l'ONU.

Sur un autre front, les forces de sécurité sont parvenues à reprendre le contrôle de la ville de Souleimane-Bek, au nord de Bagdad, prise par des insurgés il y a une dizaine de jours, a annoncé samedi un responsable local.

Dans le reste du pays, plusieurs attaques ont fait huit morts, dont cinq membres des forces de sécurité.

Depuis le début du mois, au moins 590 personnes ont été tuées en Irak, selon un bilan établi par l'AFP sur la base de sources médicales et de sécurité.