L'influent chef radical chiite Moqtada al-Sadr, à la tête d'un groupe politique majeur en Irak, a annoncé son retrait de la vie politique à deux mois des élections générales, selon un communiqué publié dimanche.

«J'annonce que je n'interviens (plus) dans toutes les affaires politiques et qu'il n'y a plus de bloc qui nous représente à partir de maintenant au gouvernement ou au Parlement», a affirmé M. Sadr, dans une allusion à son courant sadriste.

Moqtada Sadr, qui fut le chef d'une milice armée redoutable lancée contre les troupes américaines, est un critique virulent du premier ministre chiite Nouri al-Maliki, qu'il avait qualifié de «dictateur».

Dans l'immédiat il n'était pas possible de connaître l'impact de l'annonce de ce chef chiite qui avait passé plusieurs années en Iran pour suivre des études religieuses.

«J'annonce la fermeture de tous les bureaux liés aux activités politiques, sociales ou religieuses», a-t-il ajouté, tout en maintenant quelques bureaux d'organisations de bienfaisance ouverts.

Un responsable de son bureau, interrogé par l'AFP, a affirmé que personne ne voulait discuter de cette «annonce-surprise». Mais il a ajouté qu'il doutait que Moqtada Sadr «puisse revenir sur cette décision très importante».

Dans son communiqué, Moqtada Sadr a dit que son choix avait été motivé «par la préservation de la réputation honorable des deux martyrs de la famille Sadr», en allusion à son père et à un autre proche tués sous le régime de Saddam Hussein.

Il a aussi expliqué que son geste visait «à mettre fin à toutes les corruptions dans le passé et à toutes celles qui pourraient avoir lieu à l'avenir» et qui pourraient porter atteinte à la réputation des Sadr.

«Cette décision a été un choc pour nous et nous ne connaissons pas ses motivations ou ses conséquences, ni si elle est définitive ou temporaire», a affirmé un autre responsable du courant Sadr.

Le courant de Moqtada Sadr compte actuellement 40 députés au Parlement, dont le vice-président Qoussaï Abdel Wahab al-Souhai (sur 325), et six ministres au gouvernement.

Né dans les années 1970, le chef religieux fût la bête noire des Américains après l'invasion du pays (2003-2011) et jouit toujours d'une grande popularité chez les chiites défavorisés d'Irak.

Il avait appelé à l'unité des Irakiens et au soutien du gouvernement d'union de Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006, tant que ce dernier serait au service du peuple.

Mais la donne a ensuite changé et il avait estimé en 2012 que M. Maliki devrait partir pour que des réformes puissent être menées en Irak et qu'il était opposé à ce que ce dernier puisse se présenter en 2014 pour un troisième mandat.

Les ministres sadristes avaient suspendu en 2013 leur participation au Conseil des ministres avant de revenir au travail.

L'Irak est enlisé depuis 2011 dans une crise politique et en proie à l'insécurité en raison de la multiplication des attentats et des combats avec les insurgés.

Alors que M. Maliki doit affronter le feu roulant des critiques de certains de ses alliés gouvernementaux et de ses détracteurs qui l'accusent d'accaparer le pouvoir, les institutions politiques sont quasi-paralysées et le Parlement a approuvé très peu de projets de loi depuis mars 2010.