Sept policiers et trois hommes armés ont été tués jeudi dans une attaque contre une prison de Sanaa qui a permis à 14 détenus, «pour la plupart membres d'Al-Qaïda», de s'évader, ont annoncé le ministère de l'Intérieur et un responsable de la sécurité.

Outre les dix morts, le ministère de l'Intérieur a fait état de deux policiers et deux assaillants blessés, ainsi que d'un homme armé arrêté.

Un véhicule piégé a explosé à l'entrée est de la prison peu après le coucher du soleil, causant un trou dans la barrière entourant l'établissement, selon des responsables de la sécurité.

Simultanément, des hommes armés ont échangé des tirs avec des gardiens à l'entrée principale, créant une diversion permettant à des prisonniers de s'enfuir par la brèche, selon la même source.

«Quatorze détenus, la plupart membres d'Al-Qaïda», se sont enfuis de la prison, a déclaré à l'AFP un des responsables.

Un officier avait indiqué plus tôt qu'une «tentative d'attaque» de la prison centrale avait été «repoussée» et que les assaillants avaient pu prendre la fuite.

Selon des habitants, une explosion et des tirs à l'arme lourde ont été entendus dans les quartiers nord de Sanaa, près de la prison, avant que des renforts des services de sécurité ne soient dépêchés sur les lieux.

Cette prison compte quelque 5000 détenus, selon des responsables des services de sécurité.

Des soldats ont été déployés en nombre après l'attaque et ont fermé les rues menant à la prison, ont expliqué des habitants.

En octobre, les forces de sécurité avaient mis en échec une tentative d'évasion de quelque 300 détenus d'Al-Qaïda, qui s'étaient mutinés dans une autre prison de Sanaa. Plusieurs gardiens et détenus avaient été blessés, mais personne n'avait été tué.

Nasser Al-Wahichi, le chef d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), avait promis en août de faire libérer ses partisans détenus dans les prisons du pays.

Il s'était lui-même évadé d'une prison de Sanaa en février 2006 avec 22 autres membres du réseau terroriste, en creusant un tunnel de 44 mètres entre leur cellule et une mosquée voisine.

L'opération de jeudi intervient alors que Ryad et Sanaa ont annoncé cette semaine l'extradition par le Yémen de 29 Saoudiens soupçonnés de liens avec Al-Qaïda et recherchés dans leur pays.

Onze d'entre eux avaient déjà été détenus puis libérés en Arabie, avec laquelle le Yémen partage une longue frontière terrestre.

Après une vague d'attentats terroristes en Arabie saoudite entre 2003 et 2009, les autorités saoudiennes ont entamé un mouvement de répression contre le réseau islamiste.

De nombreux Saoudiens ont alors fui au Yémen et en janvier 2009, les deux branches d'Al-Qaïda ont fusionné pour former Aqpa, désormais considéré par les États-Unis comme la branche la plus dangereuse de l'organisation.

En 2011, Aqpa a de plus profité de l'affaiblissement du pouvoir central en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise dans le pays, s'emparant par moment de villes entières.