Près de 300 000 personnes ont fui les combats entre forces de sécurité et insurgés dans la province d'Al-Anbar, le plus important déplacement en Irak depuis les violences confessionnelles il y a sept ans, a annoncé l'ONU mercredi.

Parallèlement, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a promis d'intégrer au sein de la police d'Al-Anbar les membres de tribus fidèles au gouvernement dans cette province occidentale sunnite, frontalière de la Syrie.

Depuis fin décembre, l'armée et la police, appuyées par des tribus pro-gouvernementales, y mènent des opérations pour tenter de reprendre des zones contrôlées par les insurgés dont des combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), un puissant groupe jihadiste, et des tribus hostiles au pouvoir.

«Durant les six dernières semaines, jusqu'à 300 000 Irakiens, soit 50 000 familles, ont été déplacés en raison de l'état d'insécurité autour de Ramadi et Fallouja», deux villes de la province d'Al-Anbar, a indiqué un communiqué du Haut commissariat des réfugiés de l'ONU (HCR).

Fin décembre, des quartiers entiers de Ramadi, chef-lieu de la province, ainsi que la totalité de la ville voisine de Fallouja, ont été conquis par des insurgés.

«La plupart des déplacés ont fui vers des provinces proches d'Al-Anbar tandis que quelque 60 000 personnes sont allées dans des régions lointaines», selon le HCR.

Les déplacés d'Al-Anbar rejoignent plus de 1,1 million d'Irakiens ayant fui les violences ces dernières années et qui ne sont toujours pas rentrés chez eux.

Des centaines de milliers d'Irakiens avaient abandonné leurs foyers lors des pires violences confessionnelles en 2006-2007 dans le pays, où les troupes américaines étaient toujours déployées après l'invasion de 2003.

Dans une déclaration diffusée par la télévision, M. Maliki, un chiite honni par la minorité sunnite en Irak, a affirmé que la police d'Al-Anbar allait «absorber les honorables fils de tribus» qui sont restés fidèles au pouvoir.

Le premier ministre a appelé maintes fois les habitants d'Al-Anbar à «prendre position» contre les insurgés, martelant qu'il était «temps de mettre fin à la présence de gangs dans cette région».

Des élus américains avaient accusé M. Maliki d'alimenter la vague de violences par la lenteur de la réconciliation entre chiites et sunnites.

Samedi, le gouverneur d'Al-Anbar, Ahmed al-Doulaimi, avait donné aux insurgés à Ramadi et Fallouja une semaine pour déposer les armes en échange d'une amnistie.

Ailleurs en Irak, un attentat à la bombe a tué six soldats au sud de Bagdad, alors que quatre civils ont péri dans la violence à Touz Khourmatou (nord), selon des responsables.

Les forces de sécurité et les civils sont régulièrement prises pour cible par les insurgés alors que l'Irak connaît ses pires violences depuis 2008. Selon le gouvernement, plus de 1000 personnes ont été tuées durant le seul mois de janvier.

Experts et diplomates étrangers ont à plusieurs reprises évoqué le mécontentement de la communauté sunnite comme étant une des causes de la multiplication des violences.