Blâmer Israël pour les problèmes au Proche-Orient ou réclamer des boycotts à l'endroit de l'État hébreu représentent ni plus ni moins une nouvelle forme d'antisémitisme, a soutenu lundi Stephen Harper à la Knesset, devenant le premier chef de gouvernement canadien à prendre la parole devant le parlement israélien.

Plus tôt en journée, lors d'une visite à Ramallah, en Cisjordanie, lundi, au cours de laquelle il a rencontré le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le premier ministre canadien a annoncé une nouvelle aide économique de 66 millions $ aux Palestiniens.

Le gouvernement canadien a affirmé que l'argent contribuera à faire avancer le processus de paix, à promouvoir la sécurité et à fournir une aide humanitaire.

Bien que son discours hautement favorable envers Israël à la Knesset ait suscité des applaudissements nourris, au moins un député arabe a tenté de chahuter, avant de quitter l'assemblée en colère lorsque le premier ministre a parlé de la «logique tordue» et la «malice» qui mène à qualifier l'État d'Israël d'apartheid.

M. Harper a fait valoir une mutation de l'antisémitisme ces dernières années, qui «s'exprime en société sous une forme beaucoup plus sophistiquée».

«Des gens qui n'oseraient jamais dire détester les Juifs ni leur reprocher leurs défauts ou les problèmes du monde déclarent qu'ils haïssent Israël et ne blâment que l'État juif pour les problèmes du Moyen-Orient. Tout comme les entreprises juives étaient mises à l'index, certains dirigeants de la société civile réclament aujourd'hui un boycottage d'Israël. Sur certains campus, des arguments intellectualisés contre les politiques israéliennes cachent mal des réalités sous-jacentes, comme l'évitement des universitaires israéliens et le harcèlement des étudiants juifs», a-t-il déclaré.

«Il s'agit du nouveau visage de l'antisémitisme», a-t-il poursuivi un peu plus tard.

Il a affirmé que les critiques des politiques du gouvernement israélien ne constituent pas de l'antisémitisme, contrairement à celles qui ciblent uniquement l'État juif «en ignorant systématiquement la violence et l'oppression qui l'entourent».

M. Harper a aussi indiqué que le Canada réaffirme le droit absolu d'Israël à exister en tant qu'État juif, et qu'il serait prompt à accueillir un nouvel État souverain palestinien si ses dirigeants faisaient le choix de la paix et de la démocratie.

«Notre point de vue sur le droit à l'existence d'Israël en tant qu'État juif est absolu et non négociable.»

M. Harper refuse de n'adresser les critiques que contre Israël, soutenant qu'il serait facile de suivre la communauté internationale et s'en prendre à ce seul pays.

«Mais une telle approche n'est pas une approche équilibrée, ni une approche élégante», a-t-il fait valoir.

M. Harper a également affirmé que les forces qui ont menacé Israël «chaque jour de son existence» menacent tous les pays, «comme nous l'ont démontré les événements du 11 septembre 2001».

Le premier ministre a affiché sa solidarité avec Israël à l'égard de l'Iran, affirmant vouloir maintenir les sanctions en place et travailler fermement contre les visées d'armement nucléaire de Téhéran.

Du côté de l'opposition à Ottawa, Paul Dewar, le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'affaires étrangères, a manifesté son espoir que le premier ministre utilise son influence «de façon responsable et efficace».

«Une position équilibrée permettrait au Canada de jouer un rôle clé dans l'atteinte d'une paix durable et stable», a-t-il déclaré par voie de communiqué.

«Le Canada a le devoir de jouer un rôle afin de faire avancer les négociations de paix. ... Il est donc nécessaire pour le Canada, tout comme le fait ses alliés, de réaffirmer sa position traditionnelle selon laquelle l'établissement de nouvelles colonies constitue un obstacle aux négociations de paix, car contraire au droit international.»

M. Harper n'a fait aucune mention de la construction de colonies juives en Cisjordanie durant son discours.

Bien qu'il ait accueilli favorablement l'annonce de l'aide financière à la Palestine, M. Dewar s'est aussi dit déçu du montant accordé, «significativement inférieur à ce qui était offert par le passé».

Le Canada maintient ses sanctions contre l'Iran

Par ailleurs, le premier ministre Harper a affirmé que son pays maintiendrait ses sanctions contre Téhéran, malgré l'entrée en vigueur lundi de l'accord de Genève sur le nucléaire iranien.

«Nous espérons vraiment qu'il soit possible d'obtenir que le gouvernement iranien renonce à s'engager sur la voie sans retour de la fabrication des armes nucléaires. Mais pour le moment, le Canada maintient intégralement en vigueur les sanctions que nous avons imposées», a-t-il déclaré, confirmant une position annoncée en novembre, juste après l'accord de Genève.

Le premier ministre canadien est arrivé dimanche, accompagné d'une importante délégation de ministres, parlementaires et chefs d'entreprise, pour une visite de quatre jours en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Sous M. Harper, le Canada est devenu l'un des pays les plus favorables à Israël au sein de la communauté internationale.