Le jeune Gaspésien Vincent Mainville, arrêté la semaine dernière par des soldats israéliens en Cisjordanie, doit être expulsé du pays aujourd'hui.

Arrêté alors qu'il filmait une intervention militaire, M. Mainville a été détenu durant une semaine. Son visa a été révoqué, et il sera expulsé vers la Suisse, pays dont il détient la citoyenneté, en plus de sa citoyenneté canadienne.

«C'est assez incroyable qu'il ait été détenu durant tout ce temps», explique au téléphone sa soeur, Colette Mainville, qui se trouve à Hébron, en Cisjordanie.

M. Mainville a été arrêté le 8 janvier, lors d'une opération de l'armée près du point d'entrée entre la partie palestinienne et la partie israélienne d'Hébron. Il se trouvait dans la région comme bénévole pour l'organisation International Solidarity Movement (ISM), qui milite contre l'occupation israélienne en Cisjordanie.

«Mon frère a vu des militaires israéliens qui chargeaient de vraies balles dans leurs fusils et menaçaient de tirer sur des enfants qui leur lançaient des roches, dit Mme Mainville. Lui et un activiste italien ont commencé à filmer, à prendre des photos et à faire connaître leur présence. La police frontalière israélienne les a arrêtés pour entrave à une opération militaire», dit-elle en entrevue téléphonique depuis Hébron.

Selon Colette Mainville, les accusations contre son frère sont tombées au tribunal, mais son visa a été révoqué, ce qui a entraîné son expulsion du pays. Il a aussi été rudoyé. «Après son arrestation, il a été frappé et traîné par les menottes. Quand je l'ai visité en prison, je pouvais voir les coupures sur ses poignets. Il m'a dit n'avoir rien reçu à manger dans les 25 heures suivant son arrestation.»

Entrave au travail des soldats

Pour le consul général de l'État d'Israël au Québec, Joel Lion, l'affaire ne s'est pas déroulée ainsi: M. Mainville a été reconnu coupable d'avoir entravé le travail des soldats et a été expulsé car Israël a choisi cette voie plutôt que de lui imposer une peine. «Il aurait pu recevoir une peine de prison, dit M. Lion. L'État a choisi la procédure administrative plutôt que la procédure criminelle.»

M. Mainville sera interdit de séjour en Israël pour les 10 prochaines années, note M. Lion.