Une vague d'attentats, dont des attaques coordonnées à la voiture piégée, ont fait au moins 73 morts mercredi en Irak, où les violences meurtrières se multiplient à l'approche des élections prévues en avril.

Les attentats n'ont pas été revendiqués, mais des insurgés liés à Al-Qaïda mènent souvent des attaques coordonnées contre des civils, les forces de l'ordre ou encore les milices sunnites Sahwa, recrutées pour lutter contre le réseau extrémiste.

Le premier ministre Nouri al-Maliki a appelé à une action internationale coordonnée contre Al-Qaïda et ses filiales. «Cela pourrait prendre du temps», a-t-il prévenu dans son allocution télévisée hebdomadaire, «mais (...) rester silencieux conduirait à des sous-États créant des problèmes pour la sécurité de la région et du monde».

Il a également appelé à «une position forte contre les pays qui soutiennent (les insurgés) et à tarir les ressources des terroristes».

À l'ouest de la capitale, les forces gouvernementales ont encore perdu du terrain dans la province d'Al-Anbar, où des hommes armés, parmi lesquels des combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda) ont pris le contrôle de deux nouvelles zones importantes, selon des sources officielles.

Le conflit à Al-Anbar et le niveau élevé des violences dans le pays, alimenté par une profonde crise politique, constituent les menaces les plus importantes pour M. Maliki, un chiite au pouvoir depuis huit ans.

À Bagdad, au moins 37 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans l'explosion d'au moins neuf voitures piégées, en particulier dans un marché bondé du quartier al-Chaab (nord) et devant un restaurant très fréquenté rue Sanaa, selon des responsables médicaux et de sécurité.

Des traces de sang étaient visibles rue Sanaa, où l'attentat a fait trois morts. Le plafond du restaurant s'est partiellement effondré et des commerces et voitures ont été endommagés, selon un journaliste de l'AFP.

Le bilan aurait pu être encore plus lourd, selon la police, qui a annoncé avoir mis en échec quatre tentatives d'attaques kamikazes dans des voitures piégées dans la capitale.

À Bohroz, au nord-est de la capitale, au moins 16 personnes ont été tuées et 20 autres blessées quand un kamikaze a fait détoner sa ceinture d'explosifs au milieu des funérailles d'un membre des milices Sahwa, selon un policier et des sources médicales.

Et dans le nord du pays, treize personnes, dont neuf soldats, ont été tuées dans et autour de Mossoul et 7 employés d'une fabrique de brique ont été assassinés par des insurgés à Moqdadiyah, également au nord de la capitale.

Postes de police et armes abandonnés

Parallèlement, les combats se poursuivaient par intermittence à Al-Anbar, où des djihadistes de l'EIIL et des combattants tribaux antigouvernementaux contrôlent depuis début janvier la ville de Fallouja, à 60 km à l'ouest de Bagdad, et plusieurs secteurs de Ramadi, 40 km plus à l'ouest.

C'est la première fois depuis l'insurrection ayant suivi l'invasion américaine de 2003, dont Ramadi et Fallouja ont été des bastions, que des insurgés d'Al-Qaïda prennent aussi ouvertement le contrôle de zones urbaines en Irak.

Mercredi, ils gagnaient du terrain, la police ayant abandonné ses postes dans deux zones-clés, selon des responsables et des témoins.

«Nous nous sommes rendu, et nous avons abandonné nos armes à l'EIIL», a affirmé à l'AFP un policier de la localité de Saqlawiyah, à la périphérie ouest de Fallouja.

«Ils ont un armement très lourd, plus puissant que le nôtre. Notre commissariat n'était pas très bien protégé et ils nous ont encerclés. Même quand nous avons appelé à l'aide, personne n'est venu. Certains d'entre nous sont rentrés chez eux, d'autres ont rejoint d'autres commissariats», a-t-il ajouté.

À Ramadi, les insurgés ont également de nouveau repris le quartier de Malaab, après s'être emparés du commissariat.

Les violences en Irak, qui avaient diminué depuis 2008 avec la fin d'un terrible conflit confessionnel, mais elles sont remontées en 2013, faisant des milliers de morts. Et depuis le début de l'année, le bilan avoisine déjà les 500 morts, selon un décompte de l'AFP.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé lundi les dirigeants irakiens à régler «à la source» le problème des violences et à «un dialogue politique global», alors que la minorité sunnite s'estime discriminée par le gouvernement dominé par les chiites.