Israël a annoncé vendredi des plans pour plus de 1800 logements dans des colonies, ignorant les recommandations du secrétaire d'État américain John Kerry qui s'échine à rallier Israéliens et Palestiniens à son plan de paix.

Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a condamné «une décision qui montre l'obstination persistante d'Israël à faire obstacle aux efforts américains», dans une déclaration diffusée par l'agence officielle Wafa.

Le ministère israélien du Logement a publié des plans pour la construction de 1076 logements à Jérusalem-Est occupée et annexée et de 801 logements en Cisjordanie occupée, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ONG la Paix maintenant, Lior Amihaï.

«Nombre de ces logements seront construits dans les colonies d'Efrat et Ariel, en Cisjordanie, et dans les quartiers de Ramat Shlomo, Ramot et Pisgat Zeev à Jérusalem-Est», a-t-il précisé.

M. Kerry, qui a quitté le Proche-Orient le 6 janvier après quatre jours de discussions intensives sans avoir réussi à rallier Israël et les Palestiniens à son plan de paix, a déclaré à plusieurs reprises que les États-Unis considéraient la colonisation comme «illégitime».

Ces nouvelles constructions avaient déjà été prévues par le premier ministre Benjamin Netanyahu pour faire taire les critiques de son aile droite après la libération d'un troisième contingent de 26 prisonniers palestiniens, le 31 décembre.

Mais le gouvernement israélien avait décidé d'attendre la fin de la visite du secrétaire d'État américain pour les annoncer.

Selon la Paix Maintenant, Israël a annoncé au total, depuis le début des négociations en juillet, des plans pour 5.349 nouveaux logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Les Palestiniens ont à plusieurs reprises averti que la poursuite de la colonisation compromettait les pourparlers.

«Le projet de nouvelles constructions est un message de Netanyahu à John Kerry de ne pas revenir dans la région poursuivre ses efforts dans les négociations entre Israël et les Palestiniens», a déclaré vendredi le chef de la délégation palestinienne, Saëb Erakat.

«Chaque fois que Kerry a intensifié ses efforts, en revenant dans la région, Netanyahu a intensifié ses efforts pour détruire le processus de paix», a ajouté M. Erakat, appelant la communauté internationale, États-Unis en tête à «arrêter les plans israéliens visant à détruire les chances d'une solution à deux États».

«Dangereux statu quo»

À New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «très inquiet» de l'annonce israélienne.

«Une telle initiative est non seulement illégale mais elle est aussi un obstacle à la paix», a-t-il dit, qualifiant tout statu quo de «dangereux».

Interrogé, le département d'État américain a répété vendredi que les États-Unis «considèrent maintenant, et ont toujours considéré les colonies comme illégitimes».

«Nous appelons les deux parties à créer une atmosphère positive pour les négociations, et tout ce qui n'y contribue pas est stérile», a estimé la porte-parole du département d'État, Jennifer Paski.

«Mais la réalité est que les deux parties sont déterminées à discuter du cadre (des négociations) et à avancer, et nous allons continuer à travailler avec elles», a-t-elle argué.

Durant sa dernière navette au Proche-Orient, M. Kerry a présenté aux deux parties un projet d'«accord-cadre» traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens.

Mais la débauche d'énergie et les incessantes navettes du secrétaire d'État américain, qui doit rencontrer dimanche à Paris des ministres arabes des Affaires étrangères, semblent laisser les Israéliens de marbre.

Une écrasante majorité estime ainsi que les négociations n'aboutiront pas à un accord de paix, selon deux sondages publiés vendredi.

Plus des deux tiers refusent par ailleurs de renoncer à terme à une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain, à la frontière entre la Jordanie et un futur État palestinien, un élément-clé des propositions de M. Kerry.