Plus de 10 000 demandeurs d'asile africains entrés illégalement en Israël se sont rassemblés mercredi devant le Parlement à Jérusalem, au quatrième jour de leur protestation contre la politique d'immigration du gouvernement, a indiqué la police.

«Plus de 10 000 manifestants se sont rassemblés avec l'autorisation de la police dans le calme en face de la Knesset», a affirmé à l'AFP le porte-parole de la police Micky Rosenfeld. «La police est présente en force pour assurer l'ordre», a-t-il ajouté.

Le président du Parlement Yuli Edelstein a pour sa part interdit l'entrée de la Knesset à quatre représentants des manifestants qui avaient été invités à une rencontre par des députés.

Dans un communiqué, M. Edelstein a justifié sa décision en expliquant qu'il voulait ainsi «éviter des provocations susceptibles de dégénérer en violences».

Les manifestants, originaires principalement d'Érythrée et du Soudan, ont manifesté dans le calme en scandant: «Nous sommes des réfugiés, nous avons besoin de protection», en anglais.

L'écrivain israélien primé David Grossman s'est dit «honteux et déconcerté» face au traitement réservé à ces migrants dans son pays, rapporte le site internet Ynet.

Lundi, ils avaient défilé à Tel-Aviv devant plusieurs ambassades occidentales.

Dimanche, plus de 30 000 d'entre eux avaient participé à une manifestation monstre dans le centre de Tel-Aviv.

Ces demandeurs d'asile dénoncent le refus des autorités d'examiner leurs demandes, ainsi que le placement en rétention de centaines d'entre eux.

Mais ils se sont heurtés à une fin de non-recevoir du premier ministre Benyamin Nétanyahou qui a prévenu que leurs manifestations ne «serviraient à rien».

Dans une lettre ouverte publiée mercredi, les organisateurs des manifestations ont appelé le premier ministre et son gouvernement à entrer dans «un dialogue direct et ouvert» avec eux.

«Nous ne sommes pas des criminels», mais «une communauté de demandeurs d'asile démocratique, disciplinée et respectueuse de la loi», indique le texte.

Lors d'un rassemblement mardi à Tel-Aviv, les représentants des protestataires ont affirmé que le mouvement se poursuivrait jusqu'à ce que le gouvernement annule une législation controversée et leur accorde le statut de réfugiés.

Selon une loi votée le 10 décembre, les immigrés clandestins peuvent être placés jusqu'à un an en centre de rétention sans procès.

Après le vote de la loi, un centre de détention a été ouvert dans le sud d'Israël. Il est ouvert durant la journée, mais ses occupants doivent pointer à trois reprises, et sont obligés d'y passer la nuit.

La porte-parole des services pénitentiaires, Sivan Weizman, a indiqué à l'AFP que 119 migrants détenus dans la prison voisine de Saharonime, ouverte en 2007 refusaient de s'alimenter pour le troisième jour consécutif dans le cadre du mouvement de protestation.

Les organisateurs des manifestations n'ont pas indiqué si cette grève de la faim se poursuivrait jeudi, mais ont assuré qu'ils maintenaient leurs revendications.

Parmi eux, un demandeur d'asile érythréen, Habton Mahari, a affirmé à la chaîne israélienne Channel One que le gouvernement devait «cesser d'arrêter les demandeurs d'asile dans les rues, révoquer la loi raciste (...) et plus important encore, reconnaître les demandeurs d'asile comme des êtres humains».

Sa demande d'asile n'a toujours pas été examinée par les autorités israéliennes, six ans après son arrivée dans le pays, déplore cet homme.

Les autorités israéliennes, qui estiment à quelque 52 000 le nombre d'Africains entrés clandestinement qui sont encore en Israël, ont lancé en 2012 une campagne ayant abouti au départ ou à l'expulsion de 3920 d'entre eux.

La clôture électronique construite par Israël le long des 230 km de frontière avec l'Égypte a réduit pratiquement à néant le nombre d'entrées illégales en Israël à partir de la péninsule du Sinaï.