Des milliers de demandeurs d'asile africains entrés clandestinement en Israël ont défilé lundi à Tel-Aviv devant des ambassades occidentales pour protester contre la politique israélienne d'immigration, a constaté un photographe de l'AFP.

Ce nouveau rassemblement de ressortissants originaires principalement du Soudan et d'Érythrée, survient au lendemain d'une manifestation monstre de plus de 30 000 d'entre eux à Tel-Aviv et du lancement d'une grève de trois jours.

Mais ils se sont heurtés à l'inflexibilité du premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui a rejeté en bloc leurs revendications et les protestations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

«Les manifestations et les grèves ne serviront à rien», a prévenu M. Nétanyahou, dont les propos tenus devant le groupe parlementaire de son parti, le Likoud (droite nationaliste), ont été retransmis par la radio militaire.

«De la même façon que nous avons réussi à bloquer totalement les infiltrations d'illégaux grâce à la clôture de sécurité, nous sommes déterminés à faire sortir ceux qui ont réussi à passer avant la fermeture de la frontière», a promis M. Nétanyahou.

La clôture électronique achevée en 2012, qui s'étend le long des 230 km de frontière avec l'Égypte, a réduit pratiquement à néant le nombre d'entrées illégales en Israël à partir de la péninsule du Sinaï.

«Ce ne sont pas des réfugiés (...) il s'agit de clandestins à la recherche de travail. L'an dernier, nous en avons fait partir 2600, soit six fois plus qu'en 2012. Et cette année, nous comptons en faire partir davantage encore. Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout», a ajouté le premier ministre.

Les manifestants ont défilé devant les représentations américaine, britannique, française, allemande, italienne et canadienne, avant de se disperser dans le calme, selon le photographe de l'AFP et la police.

Ils dénoncent le refus des autorités d'examiner leurs demandes d'asile, ainsi que le placement en rétention de centaines d'entre eux.

Le HCR a reproché dimanche à Israël de dénier «l'accès au statut de réfugié» à ces clandestins «sans nécessairement tenir compte des raisons pour lesquelles ils ont fui leur pays», alors qu'en Europe plus de 70 % des demandeurs d'asile soudanais ou érythréens se voient reconnaître ce statut.

La représentante de l'agence de l'ONU en Israël, Walpurga Englbrecht, s'est déclarée dans un communiqué «particulièrement troublée par la finalité» du centre de rétention de Holot, dans le sud du pays, estimant qu'il «fonctionne comme un centre de détention dont il n'y a pas de libération».

Selon une loi votée le 10 décembre, les immigrés clandestins peuvent être placés jusqu'à un an en rétention sans procès.

Le centre de Holot, qui a commencé à fonctionner en décembre, est ouvert pendant la journée, mais ses occupants doivent pointer à trois reprises et y passer la nuit.

«Nous avons besoin des États-Unis et de l'ONU pour faire face à nos difficultés, nous sommes des êtres humains. Nous n'avons pas d'assurance maladie, pas d'éducation. Personne ne nous voit», a expliqué à l'AFP un manifestant, Hassan Idris, 32 ans, arrivé il y a deux ans du Soudan.

Le ministre de l'Intérieur Gideon Saar a rejeté lundi les critiques du HCR, assurant que «toutes les demandes d'asile étaient examinées par l'Office de l'immigration», et que les requérants étaient protégés de toute expulsion pendant ce laps de temps.

Depuis 2009, la compétence pour décider de l'attribution du statut de réfugié aux demandeurs d'asile en Israël est passée du HCR au ministère de l'Intérieur.

Les autorités israéliennes, qui estiment à 60 000 le nombre d'Africains entrés clandestinement, ont lancé en 2012 une campagne ayant abouti au départ ou à l'expulsion de 3920 d'entre eux.