Israël a libéré dans la nuit de lundi à mardi 26 détenus palestiniens conformément aux engagements pris pour relancer les négociations de paix sous l'égide de Washington, et ce avant une nouvelle difficile mission de paix du secrétaire d'État américain John Kerry dans la région.

Dix-huit prisonniers sont arrivés au quartier général de l'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie où les attendaient le président palestinien Mahmoud Abbas et leurs proches, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ils ont été accueillis en héros dans une atmosphère emplie de joie et d'émotion par une foule de plusieurs centaines de personnes qui brandissaient des pancartes avec les photos des libérés et des drapeaux palestiniens. Les familles ont été rassemblées dans une grande salle sous la photo géante de Yasser Arafat, le leader historique palestinien.

«Je vous promets qu'il n'y aura pas d'accord final (avec Israël) tant que tous les prisonniers ne seront pas rentrés chez eux», a affirmé Mahmoud Abbas lors de la cérémonie.

Cinq autres prisonniers ont été libérés à Jérusalem-Est. Les membres de leur famille sont venus les chercher en voiture dans une base de garde-frontières israéliens, a constaté un photographe de l'AFP. Trois autres détenus sont arrivés dans la bande de Gaza dont ils sont originaires.

Auparavant, lundi soir, quelque 200 manifestants israéliens avaient défilé du bureau du premier ministre Benjamin Nétanyahou au Mur des Lamentations dans la vieille ville de Jérusalem.

Aux cris de «honte sur toi Bibi (Nétanyahou)», ils ont dénoncé la libération des cinq Palestiniens originaires de Jérusalem-Est annexée, alors que M. Nétanyahou avait promis de ne pas libérer de Palestiniens originaires de cette zone et détenteurs à ce titre d'une carte d'identité de résident délivrée par les autorités israéliennes. La Cour suprême a toutefois rejeté lundi un recours présenté sur cette question.

Pour éviter des incidents, seulement une quinzaine de manifestants ont pu s'approcher de la maison d'un de ces Palestiniens, Ahmed Hallaf, a indiqué un porte-parole de la police.

Par la suite ces manifestants ont crié des slogans racistes anti-arabes tout en réclamant «vengeance» contre les Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Avant Kerry

Ces libérations résultent d'un engagement pris fin juillet par Israël auprès des États-Unis et des Palestiniens en vue de relancer les négociations de paix.

Il s'agit de la troisième phase de libérations de détenus après celles intervenues les 13 août et le 30 octobre. Un quatrième contingent de détenus doit être relâché par la suite.

Ces libérations sont intervenues peu avant que le secrétaire d'État américain John Kerry ne débute jeudi sa 10e tournée dans la région depuis mars pour tenter de faire avancer ces négociations.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a justifié ces libérations: «Une direction politique est jugée sur sa capacité à prendre des décisions difficiles», a affirmé M. Nétanyahou selon des propos diffusés par la radio publique. «Les négociations (avec les Palestiniens) servent les intérêts stratégiques d'Israël», a-t-il insisté.

La libération de détenus originaires de Jérusalem-Est a provoqué une polémique, les familles des victimes israéliennes rappelant que M. Nétanyahou avait promis de ne pas libérer de Palestiniens originaires de cette zone annexée et détenteurs à ce titre d'une carte d'identité de résident délivrée par les autorités israéliennes.

La Cour suprême a toutefois rejeté un recours présenté sur cette question.

Interrogé par l'AFP, le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Fares, a estimé que la quatrième phase de libération, qui devrait comprendre des détenus arabe-israéliens, serait «problématique». Selon les médias israéliens, M. Nétanyahou a l'intention de refuser de relâcher des détenus arabes israéliens.

Quelque 5000 Palestiniens sont incarcérés en Israël.

Parallèlement à la libération mardi des 26 prisonniers, le gouvernement israélien devrait annoncer des programmes de construction dans des colonies de Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée, selon un haut responsable gouvernemental israélien.

D'après la presse, cette annonce portera sur 1400 nouveaux logements.

Les États-Unis et l'Union européenne (UE) auraient expressément demandé à Israël de s'abstenir de lancer des appels d'offres pour les implantations juives en même temps que le processus de libération de détenus, ont précisé les médias.

Mais M. Nétanyahou avait prévenu la semaine dernière qu'il comptait ignorer ces appels: «Nous ne cesserons pas un instant de bâtir notre pays, de nous renforcer, de développer (...) les implantations», avait-il assuré.