L'Association de la presse étrangère (FPA) en Israël a accusé dimanche l'armée israélienne de «viser délibérément» des journalistes, à la suite de tirs de balles caoutchoutées et de grenades assourdissantes au cours d'incidents en Cisjordanie.

Dans un communiqué, l'association qui représente les journalistes de médias étrangers, y compris l'AFP, a accusé des soldats israéliens d'avoir visé directement un groupe de photographes qui couvraient des incidents dans le secteur de Qalandia, entre Jérusalem et Ramallah.

«Vendredi après-midi, les forces israéliennes ont lancé des grenades assourdissantes vers des photojournalistes appartenant à la FPA au moment où ils quittaient Qalandia. Les membres de la FPA avaient levé les mains en l'air pour indiquer qu'ils quittaient les lieux et c'est à ce moment-là que des grenades ont été lancées dans leurs dos», a ajouté l'association.

«Tous les photographes portaient des gilets et des casques permettant de les identifier comme tels», a-t-elle affirmé.

«Il ne fait aucun doute que les forces (israéliennes) visaient directement les journalistes», a ajouté la FPA.

Auparavant, un photographe italien indépendant couvrant le même incident a failli recevoir une balle en plein visage, a affirmé l'association.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a répondu par écrit que, selon les premiers résultats de son enquête, «la balle caoutchoutée ayant touché l'appareil du photojournaliste, qui se trouvait à proximité d'émeutiers violents, n'a pas été tirée intentionnellement vers lui».

Au cours des heurts, «des photojournalistes ont été repérés à côté et au milieu des émeutiers, s'exposant eux-mêmes à des risques», a affirmé un communiqué.

Le chef du service photo de l'AFP du bureau de Jérusalem Marco Longari a expliqué que les photographes se trouvaient sous un abri à environ 20 mètres de jeunes Palestiniens qui jetaient des pierres et que les soldats avaient subitement commencé à tirer des balles caoutchoutées sans avoir utilisé auparavant du gaz lacrymogène ou lancé des avertissements.

«Normalement, ils (les soldats) tirent dans les jambes, mais, cette fois-ci, c'était au niveau des yeux», a ajouté Marco Longari.

«La balle a atteint la partie supérieure du boîtier de son appareil photo. S'il n'avait pas été en train de prendre une photo à ce moment-là, il aurait pu être tué. Nous avons montré l'appareil au commandant. Il a ri et affirmé qu'il s'agissait d'une erreur», a-t-il poursuivi.

La FPA a affirmé s'être plainte à une dizaine de reprises à la suite de tels incidents survenus ces deux dernières années, déplorant qu'aucune enquête sérieuse n'ait été menée.

«Pour autant que nous le sachions, il n'y a que deux enquêtes en cours, mais sans résultats. Les autres plaintes ont été ignorées», a expliqué la FPA.

En février, une commission israélienne chargée d'examiner les violations de la loi pendant des conflits armés avait conclu à l'existence de «problèmes structurels» dans le processus d'enquêtes réalisées par l'armée, a rappelé la FPA.

«Ouvrir des enquêtes appropriées sur les violences contre les médias et demander des comptes aux soldats sur leurs actions constitueraient les premières mesures pratiques permettant de rectifier ce genre de problèmes», a estimé l'association.