L'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman a prêté serment lundi devant le Parlement israélien, redevenant ministre des Affaires étrangères un peu moins d'un an après avoir quitté son poste à la suite d'accusations de corruption.

Soixante-deux membres de la Knesset ont voté en faveur de sa nomination, et 17 contre.

Le gouvernement israélien avait approuvé dimanche le retour de M. Lieberman au ministère des Affaires étrangères à la suite de son acquittement mercredi par un tribunal de Jérusalem.

M. Lieberman, 55 ans, avait dû démissionner de ce même poste le 14 décembre 2012, au lendemain de son inculpation, avec l'espoir d'être rapidement blanchi pour revenir au gouvernement, où le Premier ministre Benyamin Nétanyahou lui avait réservé ce portefeuille s'il était acquitté.

«Dans quelques heures, nous devrions pouvoir l'accueillir de nouveau à la table du gouvernement», s'était félicité plus tôt lundi M. Nétanyahou, selon des propos retransmis à la radio publique.

«Il m'a manqué», avait-il ajouté, «nous avons beaucoup de travail (...) et de grands défis. Bon retour».

M. Lieberman était accusé d'avoir nommé l'ambassadeur israélien au Bélarus Zeev Ben Arieh au poste d'ambassadeur en Lettonie en échange d'informations policières confidentielles sur une enquête diligentée contre lui.

Les trois juges du tribunal ont estimé que M. Lieberman avait eu une «conduite inappropriée mais qui ne justifiait pas une condamnation».

Selon les commentateurs, ce retour de M. Lieberman «constitue un coup dur» pour le secrétaire d'État américain John Kerry, qui tente de sauver des négociations israélo-palestiniennes en crise.

Personnage controversé, M. Lieberman ne croit pas à la possibilité d'un accord avec les Palestiniens et il rejette le président Mahmoud Abbas comme partenaire à des négociations. Il l'a qualifié de «terroriste diplomatique».

M. Lieberman a proposé «l'échange de territoires, populations comprises» qui ferait passer sous administration palestinienne une partie de la minorité arabe d'Israël en échange des colonies de Cisjordanie, un projet qu'il a exposé en 2010 à l'ONU, mais qui a été désavoué par M. Nétanyahou.

La députée d'opposition Zehava Gal-On a déclaré lundi que le retour de cet ancien videur de boîte de nuit à la tête de la diplomatie d'Israël pourrait compromettre les négociations de paix avec les Palestiniens. «C'est comme placer une bombe dans le processus de paix», a-t-elle déclaré devant le Parlement.

Un autre parlementaire, Micky Rosenthal, a affirmé au cours du débat précédant le vote de dimanche que, si la justice l'avait déclaré innocent, planait encore «une ombre géante au-dessus de ses actions publiques».

Le retour de M. Lieberman, qui nourrit l'ambition de devenir un jour le chef de la droite en Israël, n'est pas non plus une bonne nouvelle pour la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Il s'est fait en effet une spécialité de fustiger la politique de l'Union européenne, dont il est devenu la bête noire, l'accusant de suivre une politique pro-palestinienne hostile aux juifs.

Et tout récemment, il a exhorté les juifs sud-africains à quitter leur pays pour s'installer en Israël et «éviter ainsi d'être victimes de pogroms», en réaction à la déclaration de la chef de la diplomatie sud-africaine qui avait dénoncé la colonisation des Territoires palestiniens.