L'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman va faire son retour en force au sein du gouvernement israélien après avoir été blanchi mercredi des accusations de fraude et d'abus de confiance par un tribunal de Jérusalem.

Peu après le verdict, le premier ministre Benyamin Nétanyahou s'est empressé de féliciter Avigdor Lieberman pour son «retour au gouvernement afin que nous puissions travailler ensemble au bien d'Israël», selon un communiqué.

M. Lieberman avait dû démissionner de son poste de ministre des Affaires étrangères le 14 décembre 2012, au lendemain de son inculpation, avec l'espoir d'être rapidement blanchi pour revenir au gouvernement, où M. Nétanyahou lui a réservé ce portefeuille s'il était acquitté.

Il était accusé d'avoir nommé l'ambassadeur israélien au Bélarus Zeev Ben Arieh au poste d'ambassadeur en Lettonie en échange d'informations policières confidentielles sur une enquête diligentée contre lui.

Selon la procédure, le retour aux Affaires étrangères de M. Lieberman devrait être entériné dimanche par le Conseil des ministres, une simple formalité. Il devra ensuite prêter serment devant la Knesset (Parlement) pour reprendre officiellement ses fonctions.

Après son acquittement, M. Lieberman a affirmé aux journalistes : «Cette affaire est désormais derrière moi, je vais désormais me concentrer sur les nombreux défis qui nous attendent». Il s'est ensuite rendu au Mur des Lamentations dans la vieille ville de Jérusalem pour y prier.

Les trois juges du tribunal ont estimé que M. Lieberman avait eu une «conduite inappropriée, mais qui ne justifiait une condamnation».

Le conseiller juridique du gouvernement, Yéhouda Weinstein, qui joue le rôle de procureur général, peut faire appel.

Selon la commentatrice de la radio militaire, ce retour en force de M. Lieberman «constitue un coup dur» pour le secrétaire d'État américain John Kerry, arrivé mardi pour tenter de sauver des négociations israélo-palestiniennes en crise.

La radio publique a rappelé que M. Lieberman ne croit pas à la possibilité d'un accord avec les Palestiniens et qu'il rejette le président Mahmoud Abbas comme partenaire à des négociations.

L'une de ses idées iconoclastes est «l'échange de territoires, populations comprises» qui ferait passer sous administration palestinienne une partie de la minorité arabe d'Israël en échange des colonies de Cisjordanie, un projet qu'il a exposé en 2010 à l'ONU, mais qui a été désavoué par M. Nétanyahou.

Déclarations fracassantes

Écarté du processus de paix israélo-palestinien ainsi que du dossier crucial des relations avec les États-Unis, il s'est rabattu sur l'Afrique et l'Amérique latine, sans résultat diplomatique probant.

Sur le front intérieur, M. Lieberman, chef du parti ultra-nationaliste Israël Beiteinou, qui s'est allié au Likoud (droite nationaliste) de M. Nétanyahou, pourrait le défier comme leader d'une droite dure opposée à toute concession aux Palestiniens, ont ajouté les médias.

Le 24 novembre, le comité central d'Israël Beiteinou, qui obéit en général au doigt et à l'oeil à M. Lieberman, doit se prononcer sur une fusion avec le Likoud ou au contraire un divorce pour reprendre sa liberté.

Israël Beiteinou dispose de 11 députés (dont M. Lieberman) sur 120 contre 20 pour le Likoud.

Né dans la république soviétique de Moldavie, Avigdor Lieberman a émigré en 1978 en Israël où il a rejoint le Likoud, dont il a gravi les échelons avant de créer en 1999 Israël Beiteinou.

Personnage controversé et haut en couleur, il s'était distingué dans les années 2000 par des déclarations à l'emporte-pièce, prônant par exemple un bombardement du barrage d'Assouan pour inonder l'Égypte, premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël, en cas de soutien à l'Intifada palestinienne.

Peu avant sa démission, en décembre, il accusait l'Europe de suivre une politique hostile aux juifs comme avant le génocide nazi, parce qu'elle condamnait des projets de colonies malgré «les appels à la destruction d'Israël», en référence à des déclarations du Hamas palestinien.

Au début de la semaine, il appelé les juifs sud-africains à quitter leur pays pour s'installer en Israël et «éviter ainsi d'être victimes de pogroms», en réaction à une déclaration de la ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane dénonçant la colonisation des Territoires palestiniens.