Plusieurs milliers d'Iraniens ont célébré lundi à Téhéran le 34e anniversaire de la prise d'assaut de l'ambassade des États-Unis aux cris de «mort à l'Amérique», malgré un contexte de rapprochement entre les deux pays ennemis.

La mobilisation était plus importante que les années précédentes, a constaté un journaliste de l'AFP. Des groupes conservateurs avaient en effet appelé la population à marquer sa défiance à l'égard des États-Unis malgré les gestes de conciliation envers l'Occident faits par le président modéré Hassan Rohani, élu en juin.

D'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, selon la télévision d'État.

Dans la foule, les manifestants portaient des effigies du président américain Barack Obama et brûlaient des drapeaux américains et israéliens, scandant également «mort à Israël».

Alors que les négociations entre les grandes puissances et l'Iran sur la question du programme nucléaire de Téhéran doivent se poursuivre cette semaine à Genève, les manifestants ont arboré des maquettes grandeur nature de centrifugeuses servant à enrichir l'uranium, signe de la «résistance de la nation contre les sanctions», selon une pancarte.

L'Iran, soupçonné malgré ses dénégations de cacher un volet militaire sous couvert de son programme nucléaire civil, est soumis à une série de sanctions internationales qui étranglent son économie.

Plusieurs personnalités conservatrices, dont le chef du Bassidj (milice islamiste) Mohammad Reza Naghdi ainsi qu'un des vice-présidents et plusieurs ministres du gouvernement Rohani participaient à la commémoration à Téhéran, selon les médias.

Les États-Unis doivent présenter «des excuses pour leurs erreurs historiques et (lever) toutes les sanctions injustes» imposées à l'Iran, a affirmé l'un des orateurs.

«Nid d'espions»

Pour l'ancien négociateur nucléaire inflexible et candidat conservateur à la présidentielle de juin, Saïd Jalili, «le slogan ''mort à l'Amérique'' n'est pas adressé au peuple américain, mais au gouvernement américain qui opprime les autres peuples».

«Nous avons dit au monde il y a 34 ans que l'ambassade américaine était un lieu d'espionnage et de complot (...) aujourd'hui, même les amis et les alliés des États-Unis sont arrivés à la même conclusion», a-t-il ajouté, en référence aux récentes affaires d'écoutes américaines à travers le monde.

Pour illustrer le scandale, une affiche intitulée «la trahison de Satan» montrait la chancelière allemande Angela Merkel avec à la main un téléphone portable.

Saïd Jalili, qui avait été critiqué pour son refus de toute concession avec les grandes puissances alors qu'il était le négociateur nucléaire, a également affirmé son soutien au gouvernement et à la nouvelle équipe de négociation pour défendre «les droits de l'Iran» en matière nucléaire «face à l'hostilité des ennemis».

Il y a 34 ans, une foule d'étudiants islamistes avait pris d'assaut l'ambassade des États-Unis et retenu en otages 52 diplomates pendant 444 jours pour dénoncer l'hospitalisation de l'ancien Chah aux États-Unis et demander qu'il soit ramené en Iran. Ils voulaient aussi protester contre les «ingérences» américaines dans les affaires iraniennes.

L'affaire avait provoqué la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

L'ex-représentation américaine, rebaptisée le «nid d'espions», est désormais un centre culturel géré par les bassidjis, et abrite un musée retraçant les «crimes» américains contre l'Iran.

Depuis son élection en juin, le président Rohani a multiplié les gestes de conciliation avec les pays occidentaux, s'attirant les critiques de l'aile dure du régime.

En septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, il a eu au téléphone Barack Obama, un contact sans précédent à ce niveau entre les deux pays depuis la Révolution islamique de 1979.