Barack Obama et le premier ministre Nouri al-Maliki ont promis vendredi de lutter de concert contre Al-Qaïda en Irak, en pleine flambée de violences dans ce pays deux ans après le départ des soldats américains.

À l'issue de plus d'une heure et demie de discussions avec M. Maliki, le président des États-Unis a noté face aux journalistes que «malheureusement, Al-Qaïda est toujours actif (en Irak) et cette activité a augmenté récemment». Il a indiqué avoir parlé avec son hôte «de la façon dont nous pouvons oeuvrer de concert à lutter contre cette organisation terroriste».

«Nous avons parlé de la façon de contrer le terrorisme. Nos positions et nos idées sont similaires. Nous avons discuté des détails de notre coopération» en la matière, a expliqué pour sa part M. Maliki.

Dans un communiqué commun diffusé après la rencontre, les deux pays ont évoqué «le besoin urgent d'équipements supplémentaires pour les forces irakiennes afin de mener des opérations dans des zones isolées où des camps terroristes sont installés».

«La délégation irakienne a manifesté son souhait d'acheter des équipements des États-Unis pour renforcer les liens institutionnels avec les États-Unis, et a confirmé son engagement à respecter strictement les lois et règlements américains sur l'usage de tels équipements», selon la même source.

Le texte ne donne pas davantage de détails sur d'éventuelles ventes d'armements à l'Irak par les États-Unis, alors que le gouvernement de M. Maliki a dit souhaiter recevoir des avions de combat F-16 et des hélicoptères Apache pour contrer les groupes liés à Al-Qaïda, rendus responsables d'une recrudescence des attentats sanglants en Irak.

Plus de 5400 personnes ont péri depuis le début de l'année dont 964 en octobre, le mois le plus meurtrier en Irak depuis avril 2008 selon des chiffres officiels publiés vendredi, en dépit d'opérations militaires d'envergure et de mesures de sécurité renforcées.

Le bilan total des morts est le plus élevé depuis avril 2008, où 1073 personnes avaient été tuées. Le pays sortait alors d'un conflit confessionnel ayant fait plusieurs milliers de morts.

Centaines de manifestants

Vendredi, M. Obama a assuré que les États-Unis soutenaient l'idée d'un «Irak rassembleur, démocratique et prospère», tandis que M. Maliki notait que la démocratie irakienne était «fragile» mais «très importante» et promettait d'oeuvrer à la renforcer.

Cette réception dans le Bureau ovale marquait le point d'orgue de trois jours de visite de M. Maliki à Washington, lors desquels il a multiplié les rencontres avec l'exécutif, dont au Pentagone, et les élus du Congrès. Jeudi, il avait plaidé pour que la communauté internationale mène une «troisième guerre mondiale» contre le «virus» Al-Qaïda.

La dernière visite du premier ministre irakien à la Maison-Blanche remontait à décembre 2011, au moment où les derniers soldats américains se retiraient de son pays après presque neuf ans d'occupation.

À l'époque, M. Obama, qui avait été élu en 2008 en particulier sur la promesse de mettre fin à l'engagement militaire américain dans le pays, avait parlé de «réussite extraordinaire» des États-Unis en Irak et assuré que «nous laissons derrière nous un État souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple».

Pendant la visite de M. Maliki, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant la Maison Blanche, en particulier des membres du groupe d'opposition iranien Moudjahidine du peuple.

Ces derniers réclament une enquête sur l'attaque contre le camp d'Achraf (nord de Bagdad) par l'armée irakienne le 1er septembre, qui a fait 52 morts selon un décompte de l'ONU.

Le principe d'une aide accrue à l'Irak en matière de sécurité est soutenu par d'influents sénateurs républicains et démocrates. Mais ces derniers ont aussi critiqué M. Maliki, un chiite, lui attribuant la responsabilité partielle de la reprise des violences par sa «politique sectaire et autoritaire».

Ces «poids lourds» du Sénat ont aussi exigé de M. Obama qu'il fasse comprendre à M. Maliki que «l'influence pernicieuse de l'Iran au sein du gouvernement irakien constitue un problème sérieux dans notre relation bilatérale».

Selon eux, Téhéran utilise notamment l'espace aérien irakien pour convoyer du matériel militaire au profit des forces du régime de Bachar al-Assad en Syrie, pays en proie à une guerre civile qui menace de déborder dans l'ouest de l'Irak voisin. M. Maliki a réaffirmé jeudi la neutralité de son pays dans ce conflit.