Israël a détruit lundi deux sites de lance-roquettes dans le nord de la bande de Gaza après une série de tirs contre son territoire, dans un regain de violence après plusieurs mois de calme et juste avant la libération de détenus palestiniens.

Ce raid aérien israélien est le premier depuis plus de deux mois et survient alors qu'Israël se prépare à libérer dans la nuit de mardi à mercredi un nouveau contingent de 26 prisonniers palestiniens, dans le cadre des pourparlers de paix israélo-palestiniens en cours sous l'égide des États-Unis.

Ces dernières 24 heures, deux roquettes et un obus de mortier on été tirés depuis Gaza vers le sud d'Israël. Une des roquettes a été interceptée par le système de défense anti-aérien Iron Dome (Dôme de Fer) au-dessus de la ville israélienne d'Ashkelon, a précisé l'armée.

Ces tirs, qui n'ont fait ni victime ni de dégâts majeurs, n'ont pas été revendiqués.

Selon des témoins palestiniens, les représailles israéliennes ont visé un camp d'entraînement utilisé par les brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas qui contrôle Gaza.

L'armée israélienne a précisé de son côté que l'aviation avait attaqué deux rampes de lancement de roquettes.

«Cette attaque ciblée est une réponse immédiate aux agressions et vise les infrastructures terroristes de Gaza», a déclaré un porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Peter Lerner, rappelant que l'armée tenait le Hamas pour «responsable de toute activité terroriste émanant de la bande de Gaza».

Dans un communiqué publié à Gaza, le Hamas a fustigé «l'escalade (israélienne) qui a pour but de terroriser notre peuple» et a accusé Israël de «porter l'entière responsabilité de toute détérioration» de la situation.

Le Hamas, qui a conclu une trêve avec Israël il y a près d'un an, le 21 novembre 2012 au terme d'une semaine d'hostilités meurtrières, s'efforce de faire respecter manu militari ce cessez-le-feu.

Les roquettes tirées depuis à plusieurs reprises sur le sud d'Israël, ont la plupart du temps été revendiquées par des groupes salafistes jihadistes remettant en cause l'autorité du Hamas. Un total de 28 «projectiles» - roquettes ou obus - ont été tirés de Gaza contre Israël depuis le 1er janvier 2013.

«Tenir compte de la réalité»

Le dernier raid israélien sur Gaza remontait au 14 août, quand l'armée de l'air avait frappé le nord de l'enclave en réponse à des tirs de roquettes survenus peu avant une session de négociations israélo-palestiniennes et quelques heures après la libération d'un premier groupe de prisonniers palestiniens.

Dimanche soir, le gouvernement israélien a donné son feu vert à l'élargissement de 26 autres Palestiniens, presque tous emprisonnés avant les accords de paix d'Oslo en 1993. Ils doivent être relâchés mardi après minuit de la prison militaire d'Ofer, près de Jérusalem.

La liste des prisonniers concernés a été publiée dans la nuit de dimanche à lundi.

Vingt-et-un détenus sont originaires de Cisjordanie et cinq de la bande de Gaza. Dix-neuf appartiennent au parti nationaliste Fatah du président Mahmoud Abbas, quatre au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche) et trois au Hamas.

Il est peu probable que leur libération soient entravée par les derniers tirs de Gaza, a assuré un responsable israélien.

Deux jours avant la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens le 30 juillet, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait annoncé qu'il avait accepté la libération de 104 prisonniers palestiniens, en plusieurs fois, en fonction des progrès des négociations. Quelque 5000 Palestiniens sont incarcérés en Israël.

M. Nétanyahou a expliqué lundi lors d'une réunion de son parti Likoud (droite nationaliste) qu'il fallait «tenir compte du poids de la réalité».

Cela n'a pas empêché 2000 Israéliens, dont un ministre du gouvernement Nétanyahou, de manifester lundi soir devant la prison d'Ofer contre la libération des 26 Palestiniens, a constaté un photographe de l'AFP.

Les manifestants ont crié: «À mort les terroristes» et ont brandi des pancartes proclamant «Sommes-nous devenus fous? On libère des assassins», ainsi que des portraits de victimes d'attentats.