Un prédicateur saoudien a été condamné à huit ans de prison et 800 coups de fouet pour le viol et le meurtre de sa fille de cinq ans, une affaire qui avait secoué l'opinion publique dans le royaume, a indiqué mardi l'avocat de la mère de la victime.

Fayhan Al-Ghamdi a été condamné lundi par un tribunal de première instance à verser à son ex-épouse, mère de la fillette, une compensation financière d'un million de rials (près de 280 000 $), dite «prix du sang» dans la jurisprudence saoudienne fondée sur une stricte interprétation de la charia, la loi islamique.

«Il a été reconnu coupable du viol suivi du meurtre de sa fille Lama, âgée cinq ans, avec la complicité de sa deuxième épouse», a déclaré à l'AFP l'avocat, Turki Al-Rachid.

La petite Lama avait été hospitalisée avec le crâne fracassé, des côtes cassées, des traces de brûlures et un ongle arraché, et avait passé dix mois à l'hôpital avant de succomber à ses blessures en octobre 2012.

La belle-mère de la fillette, qui se trouvait dans la maison lorsque la victime subissait les sévices, a été condamnée à dix mois de prison et 150 coups de fouet.

L'avocat a précisé que la mère de la fillette avait «réclamé dans un premier temps la peine de mort» pour Ghamdi, puis une compensation de dix millions de rials (près de 2,8 millions de dollars) avant d'accepter un million de rials.

«Nous sommes extrêmement déçues. Il aurait dû être condamné à être exécuté ou à la prison à vie, afin de servir d'exemple», a déploré, dans une déclaration à l'AFP, la militante pour les droits de l'homme Aziza Al-Youssef.

Avec d'autres militantes, elle avait fait campagne l'hiver dernier pour que le prédicateur soit condamné à de lourdes peines, lorsque des informations avaient circulé selon lesquelles il serait uniquement condamné à verser une compensation financière à la mère et à une peine de prison correspondant à la durée de sa détention préventive.

Souad Al-Chammari, une des fondatrices du réseau libéral en Arabie saoudite, a pour sa part évoqué une «peine qui est extrêmement légère, probablement parce que le coupable est un barbu».

«Il y a quelques années, deux hommes qui avaient volé deux moutons avaient été condamnés à cinq ans de prison et à la flagellation. Comment un homme ayant tué sa fille peut-il être condamné à une peine aussi légère?», s'est demandé la militante Khouloud Al-Fahd.

En Arabie saoudite, qui procède chaque année à des dizaines d'exécutions, le viol et le meurtre sont passibles de la peine capitale.

Le gouvernement a adopté en août une loi contre les violences familiales dont sont victimes les femmes et les enfants, une première dans ce pays ultraconservateur, mais le texte n'a pas encore été mis en oeuvre.