Le président iranien Hassan Rohani a affirmé mercredi qu'Israël était «contrarié et en colère» après l'offensive de charme diplomatique de Téhéran ouvrant la voix à de nouvelles relations entre l'Iran et les Occidentaux.

Israël est «assurément contrarié et en colère parce qu'il voit que la logique prévaut désormais sur ses coups d'épée tranchants et parce que le message de paix iranien obtient davantage d'échos dans le monde», a declaré M. Rohani après une réunion ministérielle, selon la télévision d'État iranienne.

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait déclaré la veille à l'Assemblée générale de l'ONU qu'Israël était prêt à agir seul pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire.

«Nous n'attendons rien d'autre de la part du régime sioniste», a retorqué M. Rohani.

«Israël ne laissera pas l'Iran obtenir des armes nucléaires. Si Israël est obligé d'agir seul, il agira seul», avait martelé M. Nétanyahou, qui a vivement critiqué les signes d'ouverture présentés par le nouveau président iranien.

«De telles paroles naissent du désespoir», avait ensuite déclaré, le général Hassan Firouzabadi, chef de l'armée iranienne, qualifiant M. Nétanyahou de «belliciste», dans des propos rapportés par l'agence Fars.

«Aujourd'hui l'option militaire est un choix rouillé et vieux, posé sur une table branlante», avait-t-il ajouté.

La semaine dernière, les Iraniens ont accepté de reprendre les négociations sur le nucléaire avec les pays membres du groupe 5+1 (les cinq grandes puissances et l'Allemagne) à la mi-octobre à Genève. Les chefs de la diplomatie américain et iranien, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, se sont rencontrés jeudi dernier à New York et vendredi, un coup de téléphone historique a eu lieu entre Barack Obama et Hassan Rohani. Tout en réclamant que l'offensive de charme de M. Rohani soit suivie d'effet, M. Obama a choisi de «donner une chance à la diplomatie» et n'exclut pas que Téhéran puisse conserver une capacité nucléaire civile.

M. Rohani a promis d'engager un dialogue constructif avec la communauté internationale, et de faire preuve de plus de transparence sur les activités nucléaires iraniennes.

Les États-Unis et leurs alliés, dont Israël, soupçonnent l'Iran de vouloir accéder à l'arme atomique sous couvert de programme civil, ce que Téhéran dément.

M. Firouzabadi, personnalité militaire intransigeante, semble soutenir l'initiative diplomatique de M. Rohani, qui a également été bien reçue par les Occidentaux.

«L'Iran islamique sortira vainqueur, par sa position révolutionnaire de souplesse héroïque», a dit le général, en référence à une déclaration du guide suprême iranien, Ali Khamenei affirmant que la «souplesse est quelquefois utile et nécessaire».

Ali Khamenei est la plus haute autorité de la République islamique, et a le dernier mot sur toutes les décisions importantes, dont la diplomatie et le programme nucléaire.

Le général Firouzabadi a par ailleurs déclaré que M. Nétanyahyou n'avait, par ses remarques, «fait que renforcer la menace contre les sionistes».

«Netanyahu a gravé son nom sur le tableau des Nations unies sous le signe du bellicisme, a-t-il ajouté.

D'autre part, le président Rohani a dit mercredi penser que «le succès des négociations (de Genève, ndlr) stoppera les efforts de nombreux jusqu'au-boutistes, de ceux qui veulent aller vers les extrêmes ou même de ceux qui cherchent la guerre».

«J'espère que les négociations seront couronnées de succès» a-t-il assuré, alors que l'Iran attend de ces négociations qu'elles aboutissent à un assouplissement des sanctions internationales pesant sur son économie.