Les violences en Irak ont fait près d'un millier de morts en septembre, a indiqué mardi l'ONU, alors que le gouvernement de Bagdad annonçait une prime spéciale pour ses forces de sécurité.

Dix-neuf personnes ont encore péri dans des violences mardi. Parmi elles, cinq policiers tués par un kamikaze au volant d'une voiture piégée qui a attaqué un bâtiment abritant une unité de police spécialisée dans le déminage à Tikrit, dans le nord du pays, selon des sources sécuritaire et médicale.

La prime aux forces de sécurité, équivalente à 50% du salaire pour un montant maximum de 500 000 dinars par mois (441 $CAN), sera versée aux policiers et militaires servant dans des «régions chaudes» du pays, a annoncé le conseil des ministres.

Au total, sept des 18 provinces du pays, dont celle de Bagdad, sont concernées par la mesure prise «pour aider les forces irakiennes dans leur lutte contre les terroristes», selon le gouvernement.

Selon la mission d'assistance de l'ONU en Irak, 760 civils et 219 membres des forces de sécurité ont été tués, et plus de 2100 personnes ont été blessées le mois dernier dans des actes de violences.

Le gouvernement, pour sa part, affiche un bilan de 971 morts, dont 768 civils, 62 policiers, 55 militaires, et 86 militants extrémistes abattus par les forces de sécurité.

Les trois derniers mois ont vu les bilans mensuels osciller entre 800 et 1000 morts, confirmant une dégradation de la situation sécuritaire dans le pays et le retour au niveau de violence d'il y a cinq ans, au sortir d'une guerre civile entre chiites et sunnites, selon les observateurs.

En septembre, la région de Bagdad a été la plus durement frappée avec 418 morts et 1011 blessés, suivie par les provinces de Ninive, Diyala, Salaheddine, au nord, et d'Anbar, à l'ouest, selon l'ONU.

La journée la plus sanglante a été celle du 21 septembre lorsque, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité, plus de 90 personnes ont été tuées et 200 blessées, en particulier dans un attentat à la bombe contre des funérailles chiites dans le quartier de Sadr City à Bagdad.

Selon John Drake, de l'agence d'évaluation des risques AKE, septembre a également vu «une augmentation des assassinats ciblant des familles entières, abattues la nuit».

«Les groupes radicaux islamistes cherchent probablement à provoquer des représailles de la part de la communauté chiite, ce qui diviserait plus encore la société», a-t-il souligné.

Hassan Chamari, un politologue irakien, craint une montée de la violence à l'approche des élections prévues au printemps.

«La situation dans le pays devient de plus en plus mauvaise et les bilans s'alourdissent de mois en mois à l'approche des élections», dit-il.

Face aux attaques, le gouvernement a intensifié une campagne contre les insurgés sunnites, procédant à de nombreuses arrestations.

Mardi, le ministère de la justice a annoncé que 23 condamnés à mort pour la plupart reconnus coupables d'«activités terroristes», avaient été exécutés les 22 et 26 septembre.

Dans le même temps, l'État islamique en Irak et au Levant, un groupe lié au réseau Al-Qaïda, a revendiqué la vague d'attentats principalement antichiites qui avait fait lundi 50 morts à Bagdad.

Quelque 500 attentats à la voiture piégée ont eu lieu en Irak, dont la moitié à Bagdad, depuis le début de l'année, indique-t-on de source diplomatique occidentale.

À ce chiffre il faut ajouter une centaine de kamikazes qui se sont fait exploser au volant de voitures piégées, et environ 70 kamikazes à pied.