Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a salué lundi le déploiement de l'armée libanaise dans son bastion de la banlieue sud de Beyrouth, en vertu d'un accord avec le mouvement chiite, qui avait été accusé d'être à la tête d'«un État dans l'État».

«Nous saluons cette avancée et apprécions grandement cette décision prise par des responsables du gouvernement», a déclaré Hassan Nasrallah à la télévision.

«Nous espérons que l'État et ses représentants rempliront leurs devoirs sur tout le territoire libanais», a-t-il ajouté.

M. Nasrallah a également demandé aux habitants du fief chiite de faire preuve de «coopération et de respect» envers les forces de sécurité.

Le déploiement de près de 1200 soldats de l'armée et des services de sécurité a débuté lundi après-midi, les membres de cette force mixte prenant position par étapes aux barrages établis par le Hezbollah, selon un journaliste de l'AFP sur place. Des membres du Hezbollah étaient toujours postés à certains barrages secondaires en fin de journée, selon ce reporter.

Le mouvement chiite a assuré qu'il soutenait ces opérations et s'assurerait de leur bon déroulement.

Les points de contrôle avaient été mis en place par le mouvement chiite après deux attentats dans la zone, dont le premier a fait 50 blessés le 9 juillet et le second 27 morts le 15 août.

Selon Hassan Nasrallah, l'enquête menée par le Hezbollah sur la seconde attaque a montré que des extrémistes sunnites proches de l'opposition syrienne étaient derrière l'attentat.

«Nous avons eu des résultants probants comme promis», a-t-il déclaré. «C'est un groupe tafkiri, basé en Syrie et qui travaille avec l'opposition syrienne.» Il a affirmé qu'à la fois des Libanais et des Syriens étaient impliqués dans l'attaque.

«Je pense que les forces de sécurité libanaises sont arrivées aux mêmes conclusions que nous», a ajouté le chef chiite, dont le parti combat les rebelles syriens, aux côtés des forces du régime de Bachar al-Assad.

Après ces attaques, le Hezbollah a transformé la banlieue sud de Beyrouth en une véritable forteresse, avec des gardes en civil faisant régner l'ordre dans les rues, arrêtant et fouillant les voitures, et vérifiant les papiers d'identité des automobilistes.

Le Hezbollah a toujours exercé un contrôle ferme sur le secteur, mais n'avait jamais été aussi visible. Les barrages ont renforcé les critiques, selon lesquelles le mouvement fonctionne comme un «État dans l'État».

Des frictions avec la population ont eu lieu aux barrages tenus par les hommes du Hezbollah, dont l'un a dégénéré en accrochages avec des réfugiés palestiniens, faisant un mort et quatre blessés le 9 septembre.

Le ministre de l'Intérieur libanais, Marwan Charbel, a assuré dimanche qu'en dehors des soldats déployés, «personne d'autre ne sera autorisé à être présent sur les barrages». «L'État se doit d'étendre son contrôle sur tout le territoire libanais», a-t-il ajouté.

M. Charbel s'est rendu dans la banlieue sud lundi, assurant que le déploiement se déroulait «en coordination entre l'État et toutes les parties».

Pour l'analyste Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient, le déploiement est «positif», mais il souligne que le Hezbollah garde la main sur les décisions sécuritaires le concernant.

Le mouvement chiite «prend des décisions sur des enjeux sécuritaires majeurs dans le pays sans consultation (...) et est un acteur stratégique indépendant qui agit sans tenir compte de la volonté de l'État ou de l'opinion publique libanais», a-t-il estimé.