Trente personnes ont été tuées et 24 blessées vendredi dans un double attentat survenu devant une mosquée où sunnites et chiites avaient été invités à prier ensemble dans une ville au nord de Bagdad, a-t-on appris de sources sécuritaires et médicales.

Les deux engins piégés ont explosé, l'un après l'autre, devant la mosquée sunnite Al-Salam, dans le centre de Baqouba, à 60 kilomètres au nord de Bagdad, alors que les fidèles quittaient ce lieu de culte, ont expliqué un général de l'armée et un médecin du principal hôpital de ville, Ahmed al-Azzawi.

La province de Diyala, dont Baqouba est le chef-lieu, est majoritairement sunnite, mais compte de larges minorités chiite et kurde.

«Nous venions juste de terminer nos prières et nous sortions quand une bombe, dissimulée dans une poubelle à l'entrée de la mosquée, a explosé», a raconté Khaleb Nejim, un ouvrier qui a été blessé à la jambe.

Baraa Hamid, 22 ans, qui sortait lui aussi de l'hôpital où il a été soigné pour une blessure à l'abdomen, raconte être sorti de la mosquée quand il a entendu la première explosion «pour aider les blessés».

«Immédiatement il y a eu une seconde déflagration et j'ai été blessé au ventre et emmené à l'hôpital avec plein d'autres blessés, dont des enfants», a-t-il raconté.

Un policier, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a expliqué que le quartier avait été bouclé et un couvre-feu imposé pendant que les forces de sécurité procédaient à des fouilles des maisons aux alentours.

Cette région, une des plus instables du pays, a été visée à plusieurs reprises ces dernières semaines par des attentats à la bombe, ciblant notamment des chiites. Pas plus tard que mardi, l'explosion de trois voitures piégées y avait fait 10 morts.

Les violences qui endeuillent quasi-quotidiennement l'Irak depuis le début de l'année sont les plus sanglantes depuis 2008, avec plus de 4000 morts, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité.

Cette montée en puissance des attentats coïncide avec un mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, à l'encontre du gouvernement, à majorité chiite, accusé notamment de pratiquer des arrestations arbitraires.

L'ONU et nombre de diplomates ont appelé le premier ministre chiite Nouri al-Maliki à calmer le jeu pour éviter de marginaliser plus avant les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les extrémistes.

Mais le gouvernement a intensifié sa campagne contre les insurgés sunnites, multipliant fouilles et arrestations.

La paralysie de l'appareil politique, associée à une corruption endémique et à une défaillance des services publics, ajoutent également à l'exaspération et à la colère des Irakiens.

Outre les 30 morts de Baqouba, les violences ont également coûté la vie à au moins trois autres personnes en Irak vendredi.

Toujours dans la province de Diyala, une bombe a explosé près d'une mosquée dans la ville de Khanaqine, tuant une personne, tandis qu'une voiture piégée a fait cinq blessés sur un marché au nord de Baqouba.

Un soldat et un responsable local ont par ailleurs péri dans une fusillade et une explosion dans la province de Ninive (nord).