Des tirs d'un drone américain ont tué vendredi dans le nord-ouest du Pakistan au moins six rebelles islamistes, incluant un commandant du réseau Haqqani sur la liste noire des personnalités terroristes et impliqué dans l'enlèvement d'un soldat américain, ont indiqué des responsables.

L'attaque a eu lieu à Dargah Mandi, village situé à quelque 10 km de Miranshah, chef-lieu du Waziristan du Nord, district tribal connu pour être le principal bastion des talibans et de leurs alliés d'Al-Qaïda.

«C'était un tir de drone. Six insurgés ont été tués», a déclaré à l'AFP un responsable de la sécurité à Miranshah. Un autre responsable pakistanais a confirmé ce bilan.

Les six personnes tuées étaient des membres du réseau Haqqani, une faction des talibans afghans qui a fait des zones tribales pakistanaises sa base arrière, a précisé l'un de ses responsables locaux requérant l'anonymat.

Le mollah Sangeen Zadran, «gouverneur fantôme» de la province afghane de Paktika, limitrophe du Pakistan, et dont le nom figure sur la liste noire des personnalités terroristes des États-Unis et de l'ONU, fait partie de ces victimes, ont précisé ces sources.

L'annonce de ses funérailles a d'ailleurs été faite dans des mosquées de Miranshah, d'après des témoins sur place.

Selon le Département d'État américain, Sangeen Zadran a «planifié et coordonné les déplacements de centaines de combattants étrangers en Afghanistan» où l'OTAN et ses alliés des forces nationales afghanes combattent la rébellion talibane.

Ce commandant du réseau Haqqani est aussi soupçonné d'avoir planifié l'enlèvement d'étrangers à la frontière pakistano-afghane, d'après le Département d'État.

Sangeen Zadran a même été identifié par SITE, site internet spécialisé dans le monitorage des réseaux islamistes, comme un des combattants apparaissant dans une vidéo avec Bowe Bergdhal, le seul soldat américain détenu par les talibans.

Un responsable taliban requérant l'anonymat a confirmé vendredi à l'AFP que Sangeen Zadran avait d'ailleurs été impliqué dans cet enlèvement survenu en 2009 dans la province afghane de Paktika.

Les talibans disposent de «gouverneurs fantômes» dans les provinces d'Afghanistan dont le but est de créer une autorité parallèle au pouvoir civil en percevant des impôts et en imposant une forme radicale de loi islamique à la population.

Ce tir de drone contre le mollah Sangeen Zadran intervient un peu plus de 24 heures après l'assassinat, dans la Paktika, de l'écrivaine indienne Sushmita Banerjee, qui avait raconté dans son oeuvre les atrocités commises par les islamistes armés dans l'Afghanistan des années 90.

Entamés en 2004, les tirs de drones américains ont tué entre plus de 2000 et plus de 3500 personnes dans le nord du Pakistan, principalement des insurgés, mais aussi de nombreux civils, selon différentes organisations étrangères suivant de près ce dossier.

Ces attaques suscitent de fortes critiques au Pakistan, mais les États-Unis les considèrent comme un aspect vital de leur lutte contre les talibans et les combattants d'Al-Qaïda dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan.

Début août, le secrétaire d'État américain John Kerry, en visite au Pakistan, avait cependant affirmé que les frappes de drones contre des islamistes à la frontière afghane pourraient bientôt cesser.

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a dénoncé vendredi cette nouvelle frappe considérée comme une atteinte à la «souveraineté» du pays.