Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé jeudi la nomination d'une diplomate de carrière, Marzieh Afkham, comme porte-parole, une première dans l'histoire de la République islamique.

Mme Afkham, qui travaille au sein du ministère depuis près de trente ans, était depuis 2010 la directrice du Département des médias et de la diplomatie publique, ont ajouté les médias sans plus de précisions.

«Elle a l'expérience de la diplomatie des médias», a expliqué à l'agence Isna l'actuel porte-parole Abbas Araghchi.

«Ceux qui ont des critiques à faire comprendront que sa compétence a été le seul facteur dans sa nomination», a-t-il ajouté, après que des députés ultraconservateurs ont fait part de leurs réticences à voir une femme à ce poste. L'un d'eux, l'hodjatoleslam Morteza Hosseini, a déclaré au quotidien 7 Sobh que le clergé «pourrait s'opposer» à cette nomination et que son groupe parlementaire avait envoyé une «mise en garde» au ministre, Mohammad Javad Zarif.

Le ministère doit également nommer prochainement sa toute première ambassadrice depuis la Révolution islamique.

Le président Hassan Rohani, qui a pris ses fonctions le 3 août, a demandé à ses ministres de nommer des femmes à des postes importants dans leurs administrations, après avoir affirmé que «la discrimination ne serait pas tolérée» dans son gouvernement. Il a lui-même nommé Elham Aminzadeh vice-présidente chargée des Affaires juridiques et des relations avec le Parlement. Titulaire d'un doctorat en droit de l'Université de Glasgow, comme M. Rohani, elle a également été députée.

Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad avait nommé en 2009 une femme à la tête du ministère de la Santé avant de la révoquer en 2013. Il avait proposé plusieurs autres femmes comme ministres, mais le Parlement, contrôlé par les conservateurs, avait refusé de leur accorder sa confiance.

L'ex-président Mohammad Khatami avait nommé en 1997 Massoumeh Ebtekar comme vice-présidente chargée de la protection de l'environnement. Elle avait été la porte-parole des étudiants iraniens lors de la prise d'otages à l'ambassade des États-Unis en 1979.

Malgré un statut plus enviable que dans d'autres pays de la région, les Iraniennes font face à des lois qui les désavantagent dans les questions de mariage, de divorce ou d'héritage. Elles peuvent être députées et même ministres, mais n'ont pas accès aux fonctions de juges et aucune n'a été autorisée à se présenter à la présidentielle depuis 1979.

Pour le clergé, la loi iranienne protège les femmes d'un style de vie occidental qui, dit la Constitution, fait d'elles «une chose» ou un «simple outil».