Le Parlement iranien a voté jeudi la confiance à 15 des 18 ministres présentés par le président modéré Hassan Rohani à l'issue de quatre jours de débats, a annoncé le président de cette assemblée Ali Larijani en direct à la télévision.

Dans son discours aux parlementaires lundi, M. Rohani avait affirmé que sa priorité était de régler la crise économique et celle du programme nucléaire controversé de l'Iran afin d'obtenir la levée des sanctions occidentales qui frappent durement l'économie du pays.

Les candidats pour les ministères de l'Éducation nationale (Mohammad Ali Najafi), de la Science, de la Recherche et la Technologie (Jafar Mili-Monfared) - tous deux proches des réformateurs -, et du Sport et de la Jeunesse (Massoud Soltani-far) n'ont pas obtenu la confiance du Parlement, dominé par les conservateurs.

Le vote de confiance se fait ministre par ministre et non sur le gouvernement dans son ensemble. M. Rohani, qui est entré en fonctions le 4 août, doit présenter d'ici trois mois au plus tard de nouveaux noms pour les ministères dont les candidats ont été rejetés. En attendant, le gouvernement va se mettre au travail.

Les ministres des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et du Pétrole, Bijan Zanganeh, ont eux obtenu la confiance des députés, comme 13 autres.

Dans sa dernière intervention à la fin des débats jeudi soir, M. Rohani a défendu personnellement M. Zanganeh, qui avait déjà occupé le même portefeuille entre 1997 et 2005 sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami. Il est très respecté à la fois au sein du secteur énergétique mais aussi sur la scène internationale.

«Dans la situation actuelle, alors que les ennemis visent ce ministère avec des sanctions (...), je ne connais personne de mieux placé que M. Zanganeh pour prendre la tête de ce ministère stratégique», a indiqué M. Rohani.

Les sanctions occidentales, qui ont été imposées contre l'Iran depuis début 2012, ont fait chuter de plus de moitié à la fois les exportations et les revenus pétroliers, qui sont passés de plus de 100 milliards de dollars à mois de 50 milliards.

M. Zanganeh a été pourtant durement critiqué par les députés conservateurs.

Ils lui reprochaient notamment son rôle dans la campagne du réformateur Mir Hossein Moussavi lors de la présidentielle de 2009 qui avait vu la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. M. Moussavi avait dénoncé des fraudes massives et appelé ses partisans à descendre dans la rue.

Pour sa part, M. Zarif est un diplomate respecté qui a notamment été ambassadeur d'Iran aux Nations unies pendant quatre ans (2002-2007).

Il avait également joué un rôle de premier plan dans les négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances entre 2003 et 2005 aux côtés de M. Rohani - qui dirigeait à l'époque la délégation nucléaire. Il aura un rôle central pour tenter de relancer ces pourparlers afin d'obtenir la levée des sanctions économiques.

La semaine dernière, M. Rohani avait déclaré qu'il allait engager des «négociations sérieuses sans perte de temps» avec les grandes puissances pour régler la question nucléaire sans céder sur les «droits indéniables» de l'Iran notamment l'enrichissement d'uranium.

S'agissant des ministres de l'Économie (Ali Tayeb-Nia), de l'Industrie, des Mines et du Commerce (Mohammad Reza Nematzadeh) ou encore de l'Énergie (Hamid Chit-Chian), ils ont obtenu un très large vote de confiance des députés.

M. Tayeb-Nia, en particulier, est très respecté parmi les économistes en raison de son expérience. Il est considéré comme un spécialiste des politiques anti-inflationnistes. L'Iran connaît une inflation d'environ 40% à cause notamment des sanctions.

Enfin, plusieurs autres ministres, notamment ceux de la Défense (Hossein Dehgan), de l'Intérieur (Abdol-Reza Rahmani Fazli, conservateur), des Renseignements (Mahmoud Alavi, conservateur) ont également obtenu une large confiance du Parlement.