Une série d'attentats apparemment coordonnés ont fait au moins 24 morts jeudi en Irak après que le premier ministre Nouri al-Maliki eut promis de poursuivre une campagne de répression contre les «terroristes» pour enrayer la spirale des violences.

Les forces de sécurité ont mené de vastes opérations visant des activistes ces dernières semaines, mais n'ont pas réussi à endiguer le flot de violences le plus meurtrier depuis cinq ans.

Cette aggravation de la situation fait redouter aux analyses et aux responsables irakiens un retour à un conflit confessionnel ouvert comme en 2006 et 2007.

Au total, sept voitures piégées et un engin explosif ont touché sept quartiers de la capitale --six à majorité chiite et un septième mixte-- dans la matinée à l'heure de pointe, tuant 24 personnes et en blessant plus de 75, selon des sources médicales et de sécurité.

L'attaque la plus meurtrière a tué sept personnes et en a blessé 24 dans l'explosion d'une voiture piégée à une station de bus à Kadhimiyah dans le nord de Bagdad.

Une autre voiture piégée a explosé à Baladiyat près des bureaux de la télévision Al-Ahad, affiliée à un groupe chiite.

«Je garais ma voiture, et tout d'un coup l'explosion s'est produite», a raconté Haitham Khalaf, un chauffeur de taxi de 38 ans.

«J'ai eu des moments d'inconscience, tout était confus (...) c'était une énorme explosion», a-t-il raconté.

Une multitude de véhicules militaires ont bloqué l'entrée de la rue où a eu lieu l'explosion. De nombreux véhicules et magasins ont été endommagés.

Il n'y a pas eu de revendication des attentats dans l'immédiat, mais des groupes armés sunnites -dont ceux liés à Al-Qaïda- visent fréquemment les membres de la communauté chiite majoritaire dans le pays et qu'ils considèrent comme des apostats.

Cette nouvelle poussée de violences intervient au lendemain d'autres attaques, dont une explosion dans un café de la capitale ayant fait 17 morts.

Samedi, des violences revendiquées par l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), une branche d'Al-Qaïda, avaient fait 74 morts.

Mercredi, M. Maliki avait promis de poursuivre les efforts pour arrêter les auteurs des attentats.

«La traque des terroristes et de ceux qui sont derrière eux (...) va se poursuivre jusqu'à ce que notre peuple soit protégé», a-t-il indiqué.

Selon lui, plus de 800 activistes présumés ont été arrêtés et des dizaines d'autres tués lors de multiples opérations.

Les forces de sécurité mènent depuis des semaines des opérations de grande ampleur dans la région de Bagdad ainsi qu'au nord et à l'ouest de la capitale après l'évasion de centaines de détenus, dont des chefs d'Al-Qaïda, lors d'un spectaculaire assaut en juillet revendiqué par un groupe lié au réseau extrémiste.

Les violences se sont notablement accrues cette année, surtout depuis le 23 avril après une opération contre une manifestation sunnite anti-gouvernementale lors de laquelle des heurts avaient fait des dizaines de morts.

Selon les analystes, la colère des sunnites est la principale raison de la flambée de violences cette année.

Plus de 3460 personnes ont été tuées depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP. Selon des chiffres officiels, près d'un millier de personnes ont été tuées en juillet, soit le mois le plus meurtrier pour le pays depuis 2008.