Le nouveau président iranien Hassan Rohani a prêté serment dimanche devant le Parlement, affirmant à l'adresse des Occidentaux que la seule façon de communiquer avec son pays était le dialogue «sur un pied d'égalité» et non les sanctions.

Lors de sa prise de fonctions officielle samedi, ce religieux modéré âgé de 64 ans avait promis d'agir pour lever ces sanctions «injustes», imposées par les Occidentaux en raison du programme nucléaire controversé de Téhéran et qui paralysent l'économie du pays.

Le septième président de la République islamique d'Iran a par ailleurs présenté dimanche un gouvernement de technocrates expérimentés, qui aura pour priorités de redresser l'économie et rétablir de bonnes relations avec l'Occident.

Le président du Parlement Ali Larijani a affirmé que le vote de confiance interviendrait dans une semaine.

«On ne peut pas faire céder le peuple iranien (sur ses droits nucléaires) par les sanctions et les menaces de guerre», a déclaré M. Rohani lors d'un discours devant le Parlement. «La seule solution pour parler avec l'Iran est le dialogue sur un pied d'égalité».

«Si vous voulez une réponse appropriée, n'utilisez pas le langage des sanctions, mais plutôt celui du respect», a-t-il encore insisté.

Les États-Unis ont réagi en affirmant qu'ils seraient «un partenaire faisant preuve de bonne volonté» dans le dossier nucléaire si le nouveau gouvernement iranien «choisit de s'engager de manière substantielle et sérieuse à respecter ses obligations internationales».

«Je déclare clairement que nous n'avons jamais cherché la guerre avec le monde», a dit encore M. Rohani.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a cependant accusé M. Rohani de partager l'objectif du régime iranien qui est, selon lui, la «destruction» de l'État hébreu.

Les pays occidentaux et Israël accusent Téhéran de chercher à fabriquer l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil, ce que dément catégoriquement la République islamique. Et les négociations sur ce dossier entre les deux parties traînent depuis des années.

«L'Iran cherche la paix»

Le nouveau président iranien a également tenté de rassurer les monarchies arabes du Golfe qui accusent Téhéran de s'ingérer dans leurs affaires internes: L'Iran «cherche la paix et la stabilité dans la région» et s'oppose à «tout changement de régime politique ou de frontières par la force ou par les interventions étrangères».

Le nouveau président est un fidèle de l'ayatollah Khamenei, véritable numéro un du pays. Depuis 1989, il est l'un des deux représentants du guide suprême au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN), qui prend les grandes décisions en Iran.

C'est à ce titre qu'il avait dirigé entre 2003 et 2005 les négociations nucléaires avec la troïka européenne (France, Grande-Bretagne et Allemagne). Il avait alors accepté de suspendre l'enrichissement d'uranium et d'autoriser un plus grand contrôle du programme nucléaire iranien.

La plupart des ministres choisis par M. Rohani ont déjà servi dans les gouvernements de l'ancien président modéré Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997) et du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005).

C'est le cas de Bijan Namdar Zanganeh, ministre du Pétrole sous Mohammad Khatami, qui retrouve ce portefeuille. Il avait su tisser de bonnes relations avec les partenaires de l'Iran au sein de l'OPEP.

Figure aussi dans la liste l'ex-ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU (2002-2007), Mohammad Javad Zarif, qui prend les Affaires étrangères. Personnalité modérée, il avait joué un rôle actif dans les négociations nucléaires.

Pour la première fois, des responsables étrangers ont été invités à assister à la cérémonie de prestation de serment, dont une dizaine de présidents, comme ceux d'Afghanistan, du Pakistan ou du Liban.

Mais le président soudanais Omar el-Béchir, attendu lui aussi, a dû faire demi-tour après que l'Arabie saoudite eut refusé que l'avion traverse son espace aérien, selon Khartoum.

L'un des invités de marque de la cérémonie était Javier Solana, ancien chef de la diplomatie européenne qui avait participé à partir de 2003 aux négociations nucléaires avec l'Iran.

Dans un entretien accordé au quotidien réformateur Shargh, M. Solana a affirmé qu'il était «possible» d'arriver à un accord avec M. Rohani sur le dossier nucléaire, le qualifiant de politicien «clairvoyant et visionnaire».